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« Nazis vs ISIS », concours de grosses têtes sur Twitter

« Nazis vs ISIS », concours de grosses têtes sur Twitter

07 September 2016 | PAR Charles Filhine-Trésarrieu

D’après le rapport d’un chercheur américain sur Twitter, les néo-nazis seraient bien plus présents sur le réseau social que les sympathisants de l’État islamique. Les terroristes d’extrême-droite savent utiliser les réseaux sociaux aussi bien que les terroristes islamistes.

Aujourd’hui la propagation des idéologies islamistes radicales est l’une des principales préoccupations des sociétés occidentales, comme le rappelle un sondage BVA publié le 23 juillet dernier qui montre que 86% des Français auraient tendance à souhaiter que le gouvernement axe son action prioritairement sur la lutte contre la propagande djihadiste et la radicalisation. Les réseaux sociaux, et en particulier Twitter, sont régulièrement pointés du doigt pour être des plateformes de recrutement et d’endoctrinement faciles d’accès pour les groupes terroristes. Ces dernières années les extrémistes islamistes ont envahi les esprits, faisant beaucoup plus souvent parler d’eux qu’un autre mouvement extrémiste : les suprémacistes blancs. On aurait tendance à croire que les premiers seraient également beaucoup plus présents que les seconds sur les réseaux sociaux, mais une étude universitaire américaine vient contredire cette idée. Le chercheur de l’Université George Washington (Washington, D.C.) J. M. Berger, spécialiste de l’extrémisme, a publié début septembre une étude comparant l’activité sur Twitter des sympathisants de Daesh (l’État islamique) et celle des membres des principaux groupes de néo-nazis et de suprémacistes blancs.

La discipline opposée au nombre

Si sur Twitter les sympathisants de l’État islamique se révèlent plus disciplinés et plus organisés lorsqu’il s’agit de faire suivre un hashtag par exemple, ils sont littéralement écrasés sous le nombre concernant tous les autres aspects du réseau social. Les nationalistes blancs et les néo-nazis ont beaucoup plus de followers que les supporters de Daesh et tweetent beaucoup plus qu’eux. Berger a comptabilisé une augmentation de 22 000 followers pour les mouvements nationalistes blancs américains ces quatre dernières années, soit une croissance de 600% en quatre ans. Selon le chercheur, cette augmentation est due à l’adoption des réseaux sociaux par les groupes d’extrémistes blancs comme moyen d’organisation et d’expression. Cependant cela est aussi du, dans une moindre mesure, à la croissance des communautés de « trolls » sur internet, ces personnes dont le but est de noyer les réseaux sociaux et les forums de discussion sous des contenus négatifs (généralement en affirmant à outrance un rejet de l’autre, de la différence, et en tenant des propos à caractère raciste, misogyne, homophobe…) sans forcément croire à ces idées mais plus pour susciter des réactions outrées et chercher la confrontation (souvent stérile).

Dans les discussions, État islamique et Syrie contre Trump et nazisme

Il existe une certaine cohésion dans les groupes pro-Daesh sur Twitter, mais les nationalistes blancs sont plus éparpillés et moins cohérents entre eux, usant notamment une plus grande variété de hashtags. Ces mouvements suprémacistes sont très fractionnés et souvent en compétition les uns avec les autres mais parmi eux les comptes liés aux nazisme sont les plus nombreux. La propagande néo-nazie fait partie des sujets les plus partagés par ces groupes sur Twitter. Cependant d’après Berger le sujet de discussion le plus populaire et partagés par tous les suprémacistes blancs reste la crainte de ce qu’ils appellent le « génocide des blancs » et le fait que la « race blanche » serait directement menacée par la mondialisation et l’augmentation de la diversité au sein des sociétés occidentales. Juste derrière ce supposé « #withegenocide » on trouve les références au républicain Donald Trump qui constitue le second sujet de discussion le plus récurrent parmi ces mouvements. Les suprémacistes blancs se sont massivement investi dans la campagne du candidat à la présidentielle américaine. Du côté des islamistes, ce sont les hashtags faisant directement référence à l’État islamique et à la guerre en Syrie qui dominent.

Les terroristes d’extrême-droite sont aussi sur les réseaux sociaux

Les exactions commises par Daesh ces dernières années ont légitimement attiré les inquiétudes de la communauté internationale concernant la menace que représente ce groupe. Ces inquiétudes se sont répercutées sur les responsables des réseaux sociaux qui ont décidé d’intensifier leurs actions pour rendre les sympathisants du mouvement terroriste moins visibles sur leurs plateformes. Cette politique beaucoup plus agressive concernant la suspensions des comptes liés à l’extrémisme islamiste expliquerait en partie selon l’étude le fait que les suprémacistes blancs et les néo-nazis soient beaucoup nombreux que les pro-Daesh sur Twitter. Mais Berger rappelle que les extrémistes blancs ont eux aussi une capacité de nuisance qu’il ne faut pas sous-estimer. Le chercheur souligne que les actes terroristes d’extrême droite sont de plus en plus souvent liés à des activités sur internet. L’auteur de la tuerie de Charleston aux États-Unis en 2015, qui avait fait neuf victimes parmi la communauté noire de la ville, postait des photos et des textes sur son site web, tandis que le responsable du massacre à Oslo et sur l’île d’Utøya en Norvège en 2011, qui avait tué de sang-froid 77 personnes, avait auparavant fait circuler un manifeste anti-musulmans sur Twitter et Facebook. Qu’ils soient d’origine islamiste ou suprémaciste blanche, l’extrémisme et le terrorisme constituent une menace à prendre au sérieux et sont encore très présents et relativement bien organisés sur internet. L’analyse de ces mouvements sur les réseaux sociaux est un champ de recherche nouveau mais il commence maintenant à produire des résultats dans la compréhension et la lutte contre les fanatiques de tous bords.

Visuel : © Uncalno Tekno – Flickr

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Charles Filhine-Trésarrieu

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