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Mathieu Gallet restera-t-il à la tête de Radio France ?

Mathieu Gallet restera-t-il à la tête de Radio France ?

19 January 2018 | PAR Ines Guillemot

Mathieu Gallet a été condamné lundi 15 janvier à un an de prison avec sursis et à 20 000 euros d’amende, pour “favoritisme” lorsqu’il était président de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA). Depuis, la question de son maintien à la tête de Radio France fait débat.

Triste nouvelle pour Mathieu Gallet. Le jugement est tombé ce lundi : le tribunal de grande instance de Créteil le condamne à un an de prison avec sursis et à 20 000 euros d’amende. Accusé de délit de favoritisme, le directeur de Radio France avait été jugé mi-novembre et l’affaire était jusque-là en délibéré.

Retour sur les faits qui lui sont reprochés
Alors qu’il était président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), Mathieu Gallet aurait commandé près de 400 000 euros de prestation à deux sociétés de conseil, sans avoir respecté les règles des marchés publics. À la mi-novembre, le parquet avait statué sur la peine suivante : dix-huit mois de prison avec sursis et 40 000 euros d’amende. Mis en délibéré, un jugement plus clément a été rendu le 15 janvier. Mais la peine reste lourde.

Le directeur de Radio France a immédiatement fait appel. Contestant la décision du tribunal, ses avocats ont déploré les conditions d’enquête et un manque de professionnalisme: “compte tenu des conditions dans lesquelles l’enquête et l’audience se sont déroulées, la décision du tribunal n’est pas une surprise”, ont déclaré Christophe Ingrain et Rémi Lorrain au journal Le Point.

Des relations tendues avec la rue de Valois
La tension est montée en flèche autour de la direction de Radio France, relançant le débat sur la moralisation de la vie publique. Mardi, la ministre de la culture Françoise Nyssen a directement mis en cause le directeur de Radio France en l’appelant à « tirer les conséquences » de sa condamnation. Suivant les positions d’Emmanuel Macron, elle a déclaré au Monde : “un dirigeant d’entreprise publique condamné pour favoritisme, ce n’est pas une situation acceptable”.

Ce type d’affaire semble être monnaie courante à l’INA : en 2016, l’ex-présidente Agnès Saal avait déjà été mise en cause pour ses notes de taxi faramineuses. Pour Emmanuel Macron, c’est toute la vie publique qui doit être moralisée : les mêmes règles devraient s’appliquer aux dirigeants d’institution publique qu’aux personnalités politiques.

Sous pression, le CSA engage une procédure
Répondant aux différentes pressions, à la fois du gouvernement et des soutiens de Mathieu Gallet, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) a engagé une procédure conciliante, qui devra statuer dans les prochaines semaines sur le futur de la direction de Radio France. Le dispositif s’appuie sur l’article 47-5 de la loi Léotard de 1986 : il autorise le CSA à retirer le mandat des présidents du service public audiovisuel, par « décret motivé » — une première dans l’histoire de l’audiovisuel français. En pratique, le CSA a convenu d’une procédure conciliante : les sept conseillers voteront pour déterminer si oui ou non Mathieu Gallet peut rester président de Radio France.

À travers ce scrutin, le CSA souhaite évaluer la capacité du PDG à se maintenir à la tête de Radio France. Les relations compliquées qu’il entretient désormais avec le Ministère de la culture pourraient jouer en sa défaveur… Même si ses soutiens sont nombreux, notamment au sein de Radio France où beaucoup estiment qu’un changement de direction pourrait nuire à l’institution, qui subira bientôt le plan de restructuration de l’audiovisuel public.

Visuel : CC © T Franco et Bartek Warzecha

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Ines Guillemot

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