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[Interview] Le Gorafi : « nous sommes la dernière agence de presse totalement indépendante »

[Interview] Le Gorafi : « nous sommes la dernière agence de presse totalement indépendante »

06 March 2013 | PAR Bastien Stisi

Félix Baumgartner qui entreprend la traversée du RER B. Le XVe arrondissement prochainement transformé en parking géant. Les révélations sur la surdité précoce de David Guetta. La nomination de Jacques Chirac à la tête de l’UMP en plein cœur de l’affrontement Copé-Fillon… Ces informations farfelues et improbables, que vous avez peut-être vu défiler sur la toile au cours des derniers mois, elles sont toutes l’œuvre de la rédaction du Gorafi, site fabuleusement parodique qui a vu le jour il y a un peu plus d’un an, qui singe et imite avec une acuité décapante les sites d’actualités traditionnels… Les pistes sont brouillées, le vrai est mélangé avec le faux, les internautes les moins attentifs sont piégés par la véracité apparente de certains articles, teintés d’un humour malicieux et addictif, qui n’en finissent plus de créer le buzz dans le monde inattentif et pressé de l’internet…Un entretien exclusif à envisager, à l’image de la démarche habituelle du Gorafi, à travers le prisme du second degré permanent…

Quelle est la démarche première et originelle du Gorafi ?

Informer les gens, de manière indépendante. Aujourd’hui, la plupart des grands groupes de médias appartiennent à des conglomérats aux mains d’obscures corporations qui contrôlent et musellent la presse. Aujourd’hui, dans cette galaxie aux mains d’une minorité, nous sommes en mesure d’affirmer d’être la dernière agence de presse totalement indépendante. Par exemple, nous nous sommes renseignés sur vous. Derrière l’innocence apparente de votre site, nous avons trouvé plusieurs rédacteurs qui siègent de temps à autre au Grand Orient de France. Et les noms de ces mêmes personnes se retrouvent aussi dans les listings de Banque Suisse liées à la spoliation de biens vis-à-vis de certaines personnes durant la guerre et aussi liés à plusieurs dictateurs aux Tiers Monde. Qu’avez-vous à répondre à cela ?

Vous parlez, sur votre site, « des choix de la rédaction ». Mais la rédaction du Gorafi, c’est quoi et c’est qui exactement ?

Si nous nous en référons à la définition du mot rédaction présente dans le dictionnaire, nous sommes en mesure de dire que la rédaction se conforme à ce qui est décrit ici : « La rédaction d’un journal français regroupe tous les journalistes qui participeront à la création de l’édition du jour. Elle est dirigée par un rédacteur en chef dont le rôle est de définir l’orientation du journal, d’arrêter l’agenda du jour, de la semaine ou du mois, c’est-à-dire de fixer le nombre et le contenu des articles qui seront publiés dans le journal ou le magazine. » C’est tout à fait exact dans notre cas.

Pourquoi refusez-vous de dévoiler vos véritables identités, et de n’accorder aucune interview en direct ? Est-ce parce qu’une personnalité influente se cache au sein de l’obscure direction du Gorafi, ou est-ce parce que des malformations physiques vous couvrent de honte dès lors que vous vous montrez en public ?

Une fois de plus, nous ne cherchons rien à cacher ou masquer. Nous ne savons pas pourquoi les gens s’imaginent qu’on masque ou dissimule. Aucune idée d’où a pu partir cette rumeur, mais on nous la pose à chaque interview. Il n’y a rien à cacher au Gorafi, la rédaction est visible : par exemple, on peut prendre rendez-vous avec nos journalistes. Et si vous le souhaitez vous pouvez même les accompagner sur le terrain.

Jean-François Buissière, que vous évoquez comme le directeur du Gorafi, c’est votre Big Brother à vous ou est-ce une entité humaine parfaitement existante ?

Il existe, il n’est pas une chimère. Pourquoi perdre du temps à créer un Big Borther. Il est tout à fait humain, fait de chair et de sang. Ses détracteurs ont dressé une image sombre de lui, ce qui est regrettable, mais c’est la jalousie vis-à-vis de la réussite d’un homme qui s’est fait tout seul.

Pourquoi avoir choisi de parodier le titre du Figaro plutôt qu’un autre ? Est-ce parce que c’est le nom qui sonnait le mieux esthétiquement ou est-ce que c’est parce que vous êtes en réalité un lobby de gauche en charge du discrédit sur la durée de votre meilleur ennemi de droite ?

Ces accusations sont infondées ! Le Gorafi n’est pas le représentant d’un lobby de gauche ou de droite ! Nous avons le plus grand respect pour notre confrère dont nous partageons des origines partagées. Nous avons autre chose à faire que de jouer à discréditer au service d’un enjeu politique. Nos lecteurs le savent. Il y a parmi eux des gens de tous horizons. Ils vous diront, eux, que le Gorafi n’a pas de parti pris ou de revendication sur un clan ou un bord politique.

Avez-vous une rancune particulière à l’égard des médias ?

Mais pourquoi écrire que nous avons une rancune envers les médias ? D’où peut-on penser une seule seconde que nous avons une rancune envers les médias ? Nous sommes un média. Cela reviendrait à dire que nous avons une rancune envers nous-mêmes. Cette question n’a aucun sens.

Pour ce qui est de la culture, vous axez principalement vos sujets sur le domaine cinématographique. Le domaine de la culture serait-il globalement donc moins drôle à parodier que celui de la politique ou du sport ?

C’est tout à fait faux. Si vous regardez nos articles, vous verrez qu’ils traitent de toute l’actualité généraliste, il n’y a pas un seul domaine que nous n’avons pas exploré. Nous enquêtons sur tout et nous traitons de tout. Quant à savoir si la culture est drôle ou non, ce n’est pas à nous, journalistes, de répondre à cette question. Vous devriez plutôt interroger des humoristes professionnels comme Stéphane Guillon ou Valérie Rosso-Debord.

Que pensez-vous des internautes qui ne parviennent pas à distinguer le vrai du faux dans vos articles ? Est-ce simplement le signe d’une profonde idiotie de leur part ou est-ce que le mode de diffusion de l’information sur internet est de plus en plus sujet à de grossières confusions ?

Nous ne comprenons  pas votre question. Nous aurions publié de faux articles ? Mais dans quel but ? Avez-vous des liens internet à nous faire suivre ? Au moins une capture d’écran peut-être ?

Avez-vous déjà eu de sérieux problèmes avec certains de vos articles ? On pense notamment aux sujets évoquant les déclarations fabulées de certaines personnalités politiques…

Nous n’avons jamais eu un seul problème.

Quel est l’article dont vous êtes le plus fier ?

Nous sommes fiers de tous, sans distinction. Il y a quelques scoops dont nous sommes fiers mais dans l’ensemble nous sommes heureux de notre travail.

Vous êtes né sur Twitter en février dernier avant de devenir un site et de prendre le format qui est le vôtre aujourd’hui. Quelle est la prochaine étape de votre avancée spectaculaire ?

Racheter votre site pour en faire un site web.

Vous parlez très souvent dans vos interviews accordées à ce jour de « domination mondiale ». Doit-on vraiment craindre/espérer l’avènement prochain du Gorafi au sommet de la hiérarchie médiatique hexagonale ?

Évidemment. Le Gorafi News Network est la valeur montante du moment, personne ne s’y trompe. Même Serge Dassaut et Bernard Tapie ont parfaitement compris la bataille qui s’annonce. Quant à la réaction à adopter, il nous semble qu’il est nécessaire d’éviter toute crainte excessive ou tout espoir disproportionné. Mais plutôt de se réjouir sobrement de cette stratégie progressive que nous mettons en place.

Visuel © : logo du Gorafi

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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