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Hervé Boissière  pour les dix ans de medici.tv : “Nous sommes une maison d’artistes toujours à leur service”

Hervé Boissière pour les dix ans de medici.tv : “Nous sommes une maison d’artistes toujours à leur service”

15 October 2018 | PAR Yaël Hirsch

Medici.tv c’est le “netflix” du classique. Nous avions été dans les coulisses de leur tournage au Festival de Verbier cet été (lire notre article). Et c’est avec joie et avec son fondateur, Hervé Boissière que nous célébrons les dix ans de cette plateforme internationale, pionnière du streaming et qui suit de plus en plus d’artiste dès leur émergence aux concours les plus prestigieux du monde.

Comment célébrez-vous ce 10e anniversaire ?
Il n’y aura pas une fête à proprement parler. Nous avons des partenaires et des auditeurs dans le monde entier. Si on la fait à Paris, on mettrait nos internautes d’Amérique ou d’Asie à l’écart. C’est sur la plateforme que nous allons faire un retour en arrière sur ces dix ans. Nous effectuons une sélection des live les plus marquants, des moments qui ont marqué l’histoire de medici.tv avec les premières, les challenges. Par exemple la création de Written on skin de George Benjamin à Aix, notre premier Carnegie Hall ou le premier concert à Verbier… Ce sont des marqueurs dans l’histoire de ces dix ans qui sont les plus forts que nous voulons à nouveau partager. Nous sommes en train de voir avec les artistes comment nous allons pouvoir les remettre en avant sur les site, car nous n’avons pas toujours conservé les droits, qui peuvent durer de trois mois pour Carnegie Hall à quatre ans. Sur les deniers concerts nous avons intégré des durées plus longues donc c’est plus facile à mettre en place. Mais au début nous n’obtenions pas les mêmes droits : il fallait se faire connaître et puis le streaming était un phénomène nouveau.

Vous vous êtes donnés un certain nombre de contenus à rediffuser?
L’important est  d’arriver à une sélection cohérente. Je n’ai pas voulu raisonner avec un nombre en tête. Il faut que l’on retrouve les étapes importantes, les grands live qui ont marqué l’histoire de ces dix ans, les grandes nouveautés de catalogues, le Werther avec Jonas Kauffman, le Pelléas de Bob Wilson et puis l’on réfléchira en fonction. Il y a toute une logistique de remise en avant et ligne. Il faut trouver un bon compromis avec les éléments importants à remettre en avant et une logique éditoriale et opérationnelle qui les rendent lisibles pour les gens.

Vous allez donner la parole aux artistes ?
Nous avons commencé à faire un petit travail avec les artistes qui parlent de medici.tv dans des vidéos très courtes et des pastilles marrantes. Certains ont un rapport fort à la plateforme. Nous sommes une maison d’artistes toujours à leur service.

En dix ans, vous êtes arrivée à une renommée et une audience vaste et internationale. Vous pouvez nous refaire un point sur vos chiffres?
Au niveau de l’audience, nous avons 500 000 inscrits, 15 000 abonnés annuels, nous tournons à 300 000 visiteurs uniques par mois et nous avons 700 000 personnes qui nous suivent sur les réseaux sociaux. Certains événements comme le concours Tchaïkovski drainent jusqu’à 2 millions de visiteurs en un mois et font exploser les chiffres. Nous avons une audience mondiale car nous sommes en permanence vus dans 150 pays avec plus de 30 % de notre audience en Amérique du Nord, 15 % en France et en Russie 15 %. En Asie, le Japon et la Corée font chacun 10 % de notre  L’Angleterre est vraiment entrain de décoller, avec le concours de piano Leeds que nous venons de couvrir et qui – au contraire de streamings d’un soir à Covent Garden ou Glyndebourne- installe une audience dans la durée. Sur medici.tv, la durée moyenne de visionnage est de 30 à 40 minutes car le public est très passionné. Sur l’offre, nous avons 170 événements live par an, ce qui nous met en tête de tous les sites de streaming, et nous proposons 2200 programmes disponibles en VOD, avec opéra, ballets, masterclasses, archives, documentaires : Nous essayons de couvrir tout le spectre du classique.

Quels sont les grands chantiers des prochaines années ?
Continuer à travailler la mobilité. Les applications mobiles sont importantes. Pour l’instant nus n’avons que Apple, mais nous allons développer Android. La portabilité sur les écrans télé est aussi en cours. Ces longues formes appellent des visionnages sur des télés. Comment téléporter une expériences sonore qualitative au sein de la maison ? Cela passe souvent par le téléphone puis retour sur l’écran de la télévision. Le deuxième sujet sont les langues afin de bien appliquer l’adage Think Global, act local. Nous existons déjà en français, en anglais et bientôt en espagnol. Et il y a le grand enjeux de l’Asie, notamment de la Chine. Nus avons déjà des spectateurs chinois; le 3e prix d’interprétation du concours de Leeds était chinois et il était très suivi par ses compatriotes. Mais si l’on veut avoir une audience chinoise en permanence, il faut émettre de Chine, sinon l’on tombe sous le coup du firewall.

Dans ces dix années, si l’on faisait un making-off, y a-t-il une direction stratégique que vous pensiez porteuse et finalement qui n’a rien donné?
Honnêtement, nous n’avons jamais fait complètement fausse route ou opéré un virage à 360 degrés. Au début en 2007, à l’heure où Netflix commençait à peine et envoyait des dvds aux gens chez eux, nous avons tâtonné, car il n’y avait pas d’offre en streaming. Nous avons proposé du téléchargement avec iTunes et ça n’a pas marché !

Quelles sont les prochaines grandes échéances pour medici.tv?
Nous travaillons beaucoup les concours internationaux. D’abord, parce que comme les festivals ils nous permettent de travailler dans la durée et d’installer une audience. Nous sommes de plus en plus intéressés de suivre des événements dans la durée plutôt que de couvrir un seul soir. Nous sommes entrain de finaliser le concours Tchaïkovski 2019 : c’est un grand enjeu car il y a lieu tous les 4 ans et à la dernière édition, il y eu 12 millions de vidéos vues. Et puis les concours révèlent des talents, et s’ils sont médiatisés, l’impact est immédiat. C’est le concours Tchaïkovski qui a fait découvrir le pianiste Lucas Debargues qui a signé chez Sony. Les médias et les réseaux sociaux sont en train de transformer les concours. Avant c’étaient des exercices de professionnels où les lauréats avaient de l’attention. Mais aujourd’hui l’impact des chaines de streaming comme medici.tv et l’impact de ceux qui suivent les étapes sur les réseaux sociaux a transformé ces événements en caisses de résonance puissantes. Il y a un quelque chose de très excitant pour le public et nous adorons cela. Qui plus est, être présents dès leurs débuts auprès des jeunes talents permet de vivre avec eux des choses importantes qui les marquent pour toujours. Cela aide pour qu’ils continuent à travailler avec nous à leur côtés lors de la suite de leur carrière.

visuel : (c)  medici.tv

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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