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[Interview] Pierre Mendiharat, responsable MSF de programmes SIDA

[Interview] Pierre Mendiharat, responsable MSF de programmes SIDA

30 November 2014 | PAR Amelie Blaustein Niddam

A l’occasion de la journée Mondiale de lutte contre le SIDA, Toute La Culture a souhaité sortir des frontières pour comprendre comment la maladie est appréhendée sur le continent Africain. Nous avons pour cela interrogé Pierre Mendiharat, responsable des programmes Sida pour Le Kenya, le Malawi et l’Ouganda au sein de Médecins Sans Frontières.

 Quelles sont les spécificités de la maladie dans ces trois pays ?

Le Kenya, le  Malawi et l’Ouganda,  sont des pays où on a des approches Sida.  Ce sont les pays les plus touchés par le virus. Par exemple, au Malawi, 17% de la population adulte est atteinte. Pour le Kenya, cela dépend des régions, mais la prévalence peut atteindre 25 %.

Il y a, j’imagine, des actions différentes selon les pays ?

L’action principale de MSF c’est de donner du soin, il ne faut pas perdre cela de vue. C’est l’action principale.  Ces trois pays sont stables, on peut donc travailler dans les structures du ministère de la santé. On ne se substitue pas à l’Etat. Ce n’est pas le cas partout. En Centre Afrique c’est l’inverse. Mais le résultat est le même partout. Il s’agit de proposer des dépistages et des meilleures qualités de soin.

Quelles sont vos méthodes d’action ?

On met en place des modèles de soins qui sont innovants. Il faut comprendre que le Sida a un poids considérable dans les enjeux de santé compte tenu du nombre de patients sous traitement. On ne guérit pas du Sida mais le traitement permet de le contenir. Un grand souci est que si un traitement est interrompu le virus devient résistant.

Sur le terrain, quelles sont vos solutions ?

Nous devons gérer les cohortes. Pour cela nous faisons en sorte d’espacer les visites médicales à deux fois par an. On s’appuie sur des communautés qui s’organisent en groupe. Une seule personne va au centre de soins et récupère tous les traitements.

 y a t il des pays, où des stéréotypes persistent. Par exemple, le Sida est une maladie “de drogués”, ou “d’homosexuels”.

En Afrique,  la transmission est hétérosexuelle. Ce n’est pas vu comme une maladie qui touche les homosexuels ou les drogués. La situation est globale. Nous ne sommes plus dans la stigmatisation qui était encore fréquente il y a quinze ans. C’est absolument impossible de ne pas connaître quelqu’un qui est mort du SIDA. Mais encore aujourd’hui, ce n’est pas anodin d’apprendre que l’on est séropositif, c’est une maladie qui touche à la sexualité, qui pose beaucoup de questions pour le couple. Si un couple vient consulter ensemble, c’est plus simple.

Comment se passe la prévention ?

La prévention est présente, mais ce n’est pas MSF qui fait ça, ce sont plus généralement les ONG qui s’en occupent.  Dans un nouveau programme, au Sud Ouest du Kenya, on essaie d’avoir un impact sur l’épidémie : depuis peu on sait que lorsque l’on est sous traitement, on n’est plus contagieux. Cela veut dire que si on met tout le monde sous traitement, on endigue  l’épidémie, l’idée est de mettre 80% de la population sous traitement. On insiste aussi pour favoriser la circoncision car elle protège un peu. Pour ce faire, on travaille complètement de concert avec les leaders communautaires.  Il n’y a pas de publicités, ce sont des réunions.

 y a-t-il des tabous ?

Il y a assez peu de blocages religieux, car c’est un syncrétisme, il y a une ouverture d’esprit en revanche, si le dépistage ne pose pas de problème, le port du préservatif lui est compliqué, et cela dans toutes les couches de la société : le préservatif n’est pas tout le temps utilisé et ce n’est pas une question qui concerne les pays d’Afrique.

Visuel : ©Maimouna Diallo/MSF  et ©Giorgos Moutafis

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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