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[Interview]  Marc Vandeweyer Directeur Général de CARTOON – Association Européenne du Film d’Animation.

[Interview] Marc Vandeweyer Directeur Général de CARTOON – Association Européenne du Film d’Animation.

23 February 2017 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Du 8 au 10 mars, Bordeaux vivra au rythme des dessins animés pour CARTOON MOVIE. Rendez-vous professionnel où “750 producteurs de longs métrages d’animation, investisseurs, distributeurs, agents de vente, sociétés de jeux vidéos et new media players de 35 pays, se retrouve”. En amont de la dix-neuvième édition, nous avons rencontré son directeur Marc Vandeweyer.

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Marc Vandeweyer,vous êtes un professionnel de l’animation ? Vous avez gardé votre âme d’enfant ? Plus sérieusement, l’animation est-elle perçue comme un territoire enfantin ?

Oui, en effet j’ai immédiatement commencé ma carrière professionnelle dans le monde de l’animation. J’ai démarré un studio d’animation à Bruxelles, avec des copains, qui est devenu au fur à et à mesure le plus important de Belgique à l’époque. Par la suite, j’ai eu la chance qu’on me demande de créer l’Association Européenne du Film d’Animation et de proposer à la Commission européenne un nouveau plan d’actions pour relancer -et je devrais dire “lancer” plutôt que relancer – l’animation européenne, qui était totalement dominée à l’époque par les séries US et japonaises (Goldorak, G.I. Joe, …). Depuis, l’animation européenne a fait beaucoup de chemin grâce -et il ne faut jamais l’oublier- au Programme MEDIA de l’Union Européenne. L’animation est un magnifique exemple de ce que la Commission européenne fait de bien en Europe, on ne le dit jamais assez mais si aujourd’hui vos enfants regardent majoritairement des séries d’animation européennes avec un contenu plus intelligent, une qualité technique en hausse et des graphismes plus diversifiés que les séries japonaises ou américaines, c’est grâce à l’Europe !

L’âme d’enfant ? Je crois qu’on essaie tous de garder notre âme d’enfant mais le poids des responsabilités est parfois tellement présent que l’on doit batailler pour ne pas perdre de vue notre âme d’enfant et comme je suis belge et que j’ai grandi avec les chansons de Jacques Brel, c’est vrai que j’aime beaucoup sa devise de “vieillir sans devenir adulte”… On essaie…

Et donc oui, l’animation privilégie toujours le monde de l’enfant mais on voit de plus en plus de projets qui sont destinés aux jeunes adultes et aux adultes -et cela surtout au niveau des longs métrages d’animation- mais force est de constater qu’ils ne rencontrent pas encore suffisamment leur public. On aurait pu croire avec le succès de la bédé pour adultes, la déferlante des jeux vidéos pour toutes les tranches d’âge, et surtout la génération Goldorak qui a vieilli aujourd’hui et qui est habituée à regarder aussi bien un dessin animé qu’un film de fiction, habituée aux images animées, on aurait pu croire que ce public-là irait plus facilement voir des dessins animés pour adultes. Ils restent malheureusement une minorité. Mais la tendance est forte à vouloir conquérir un public (jeune) adulte et sortir en partie l’animation du monde de l’enfance.

Parlez moi de Cartoon Movie, est-ce un salon professionnel uniquement ? A qui vous adressez vous ?

Cartoon Movie est un forum de coproductions au niveau européen. Il réunit les producteurs et leurs équipes créatives présentant un nouveau projet de long métrage d’animation, mais aussi les “acheteurs”, à savoir les financiers, les investisseurs, les distributeurs, les agents de vente, les diffuseurs, les nouvelles plateformes de distribution, tous ceux et celles qui pourraient être intéressé(e)s à investir dans un projet, à l’acheter, à le vendre et à le distribuer sur quelque support que ce soit. Il y a à Cartoon Movie un foisonnement d’idées et une énergie telle que beaucoup de projets deviendront un film et que beaucoup de ces films seront distribuées à l’international. D’ailleurs, l’animation est le meilleur exportateur de tout l’audiovisuel européen.

Quels sont les grands films que vous attendez lors de cette édition ?

Ce n’est pas moi qui fait le marché, ce sont les producteurs et les acheteurs qui dessineront la tendance de cette année mais je crois pouvoir m’avancer en disant que “Zombillenium” est très attendu et que les films “territoriaux” devraient tirer leur épingle du jeu avec “Mère célibataire en Corée” (le nouveau film de Jung qui avait déjà réalisé “Couleur de Peau : Miel”, production Marmitafilms à Bordeaux), “Charlotte” (une coproduction avec le Canada avec Les Films du Poisson Rouge et Balthazar Productions), “Unicorn Wars” (en coproduction avec Schmuby à Bordeaux), “Miss Saturne” (Prima Lina, Angoulême), “Le Voyage du Prince” (dernier projet en date de Jean-François Laguionie, produit par Blue Spirit à Angoulême), et “Canaan” (une coproduction avec la Belgique de SuperProd, Angoulême).

Lors des précédentes, avez vous vu un film qui vous a particulièrement marqué ? Pourquoi ?

Beaucoup de succès européens sont passés par Cartoon Movie comme, tout au début, “Kirikou”, “Les Triplettes de Belleville”, “La Mouette et le Chat”, plus récemment “Minuscule”, “Zarafa”, “ Ernest et Célestine”, “Ma vie de Courgette”, et beaucoup d’autres. Sur les 13 dernières années, 10 films européens d’animation présentés à Cartoon Movie ont été sélectionnés pour les Oscars à Hollywood, c’est dire que la qualité est toujours au rendez-vous de Cartoon Movie.

Vous avez quitté Lyon pour Bordeaux qui accueillera pour la première fois le festival. Pourquoi ?

Parce que dans la vie on se rend parfois compte que l’on doit passer des paliers et que pour passer ces paliers il faut parfois déménager. C’est le cas cette fois-ci et la plus belle illustration en est le record de fréquentation avec plus de 800 professionnels venant de 38 pays dans le monde et surtout une croissance de 9% en une seule édition. Ceci démontre l’attractivité de Bordeaux !
Par ailleurs, le choix de Bordeaux nous est apparu très vite comme une proposition prioritaire dans la mesure où la Métropole de Bordeaux est très fortement axée sur l’économie numérique, comme en témoigne la French Tech Bordeaux, La Grande Jonction et beaucoup d’autres choses, et que Cartoon Movie s’inscrit parfaitement dans cette industrie de l’image technologique. L’autre argument qui plaidait pour Bordeaux est sa proximité avec Angoulême qui possède avec Magelis le plus grand cluster d’animation en Europe, qui regroupe 30 studios, c’est unique en Europe ! Et comme la région s’est agrandie récemment, c’était le parfait timing de faire atterrir Carton Movie à Bordeaux.

Visuel : dr

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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