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[Intermittents] Bruno Paternot :  “La seule chose qui nous reste c’est le blocage”

[Intermittents] Bruno Paternot : “La seule chose qui nous reste c’est le blocage”

09 June 2014 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Après une semaine de conflit, où en-est-on de la colère des intermittents ? Dans le week-end, un médiateur a été nommé, cela peut-il empêcher l’annulation de tous les festivals, de danse, de musique et de théâtre de l’été ? Bruno Paternot- Comédien, directeur de la compagnie Soliloque Théâtre, membre de la Coordination des intermittents et précaires du Languedoc-Roussillon contre l’accord UNEDIC du 22/03/14 et pour l’ouverture de nouvelles négociations. a accepté de répondre à nos questions.

Quelle est la différence entre 2003 et 2014 ? 

11 ans sont passés, les intermittents du spectacle ont appris à vivre avec l’assurance chômage de 2003, ils ont appris à gérer un système très complexe qui fait qu’on sort de l’intermittence, que l’on y rentre, on navigue entre les annexes 8 et 10 et le régime général. Ils ont appris que l’emploi était difficile à trouver. Un comité de suivi a été créé en 2003 qui a analysé cette réforme, et qui fait des contre propositions plus efficaces, plus économiques, adaptées à nos métiers, et cela permettrait de ramener dans l’intermittence les intermittents qui en sont exclus.

Quelles modifications du statut entraînerait la signature de la convention ?

On resterait sur des accords qui ne sont pas convenables et ils seraient aggravés au moins sur quatre points :

– Le différé touche les classes moyennes de l’intermittence, qui fait qu’en fonction du nombre de jours employés, est calculé un droit de différé . Avant il y avait un droit de carence : 7 jours sans rémunération. Ce qui était déjà compliqué. Avec cette convention, le différé peut monter jusqu’à 60 jours.

– L’ augmentation des charges de 2,8 %. Cela impacte tout le monde. Je dois faire 507 heures, j’en fait 511 , avec l’augmentation des charges, je dois baisser mes heures, si je baisse mes heures, je perds mon statut

– Le gouvernement fait une reforme modifiable qui sera revue dans 6 mois. Cela ne peut pas favoriser l’emploi. Quand vous avez votre statut vous l’avez pour environ 8 mois. Ce n’est pas possible que dans 6 mois tout ça soit très clair

-Le plafond n’est pas assez abaissé. Nous proposons de l’abaisser deux fois plus ce qui permettrait de faire des économies en touchant aux plus riches.

Pensez vous que l’arrivée de Jean-Patrick Gille peut éviter la signature de la convention

Manuel Valls nomme un médiateur pour relancer le dialogue social, hors, François Rebsamen est ministre du travail et du dialogue social, cela acte l’incapacité du ministre. De plus, Jean-Patrick Gille à twitté il y a cinq jours qu’il souhaitait agréer cette reforme.

Nous on se bat pour que ne soit pas agréée l’assurance chômage, et l’on veut rassembler dans notre lutte les autres professions. La reforme doit être agréée dans son ensemble, alors pourquoi envoyer un médiateur sur les annexes 8 et 10 ?

Comment réagit le public au Printemps des Comédiens ?

Pour l’instant nous sommes au Printemps et dès mardi nous serons au festival Montpellier Danse – Centre Chorégraphique de Montpellier, aux Ursulines. Les réactions sont fortes , difficiles. Les spectateurs sont face à une situation forte. Cela fait plus de deux mois que l’on se bat avec douceur. La seule chose qui nous reste c’est le blocage, c’est la gréve, c’est l’annulation.

Les gens dans des réactions sont soit fortement avec nous. Ils peuvent se faire rembourser ou donner l’argent au comité de soutien, la caisse de soutien se remplie, hier à l’Opéra : 800 euros en ½ heures.

Il y a aussi des gens qui ne comprennent pas car nos métiers sont très simples, je suis artiste tout le monde sait ce que cela veut dire, mais notre mode de financement est très complexe et il est normal que les gens ne comprennent pas très bien.

LA CIP (La Coordination des Intermittents et Précaires) continuera après que nous ayons obtenu ce que nous voulons : l’arrêt de la reforme chômage, le retour en 2002. Si nous obtenons ce que nous voulons nous reprendrons le travail. Il faut faire de la pédagogie. On intervient dans les présentations de saison, on change le programme et on leur explique le fonctionnement

Il est impossible que l’économie survive à l’annulation des Chorégies, du Festival d’Art lyrique d’Aix en Provence, du Festival d’Avignon ou des Eurockéénnes. 57 milliards d’euros, c’est cela que représente l’économie de la culture

Visuel : Cip-Lr

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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