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Francis Peduzzi, directeur du Channel, présente le retour de Feux d’Hiver à Calais

Francis Peduzzi, directeur du Channel, présente le retour de Feux d’Hiver à Calais

21 December 2017 | PAR Stacie Arena

Huit ans après son interruption brutale, les Feux d’Hiver font leur grand retour au Channel à Calais, du 27 au 31 décembre prochain. Manifestation « artistique, festive et populaire », les Feux d’Hiver se déroulaient tous les deux ans entre Noël et le jour de l’An et rassemblaient des milliers de personnes dans cet ancien abattoir. Grâce à l’aide de la région et de son président Xavier Bertrand, le directeur du Channel, Francis Peduzzi, n’est pas peu fier de remettre ce beau projet sur pied.

Après huit ans d’absence, on imagine que vous aviez quelques appréhensions à la veille de  l’ouverture de la billetterie, qu’est-ce que vous redoutiez le plus à propos du retour de Feux d’Hiver ?

Ce que je redoutais, c’est ce que je redoute toujours ! Disons que je ne pars jamais vainqueur mais oui, on espère que tout se passera bien, que la météo sera bonne, des choses comme ça… L’important c’est d’être concentré sur son sujet, d’être rigoureux au moment où les choses se préparent et se déroulent. On n’imagine pas, mais Feux d’Hiver c’est une énorme machine ! Ça saute pas aux yeux mais il y a énormément de travail derrière, c’est une grosse organisation qui nécessite beaucoup de concentration. Pour moi, ce qui fait la différence sur la ligne d’arrivée, c’est le détail. « Ça va le faire » moi, ça ne me suffit pas ! Les huit ans d’absence font qu’on n’a pas envie de décevoir, on a préparé tout ça dans un délai très court et on a relevé le défi. La vraie appréhension, c’est de décevoir…

Vous avez eu des premiers retour très positifs, les ventes ont dépassées les espérances, comment avez vous vécu cet accueil ?

Si je compare la première journée de vente en 2009, on avait vendu 4150 billets la première journée, là on en a vendu 6800, donc on est très contents ! Mais tout se joue pendant la manifestation. C’est la présence du public qui fait tout. On veut que le public soit là évidemment, mais on veut aussi que l’atmosphère soit agréable et que la relation entre la proposition et son public soit paisible. On espère que le public qui n’a pas les codes du théâtre, qui arrive avec les poussettes, ce « public des quartiers », puisse trouver son compte dans Feux d’Hiver, même si certains spectacle sont complets. On va essayer de composer cette manifestation de sorte à ce qu’il y ait toujours quelque chose à voir.

Qu’est ce qui a permis le retour de Feux d’Hiver, huit ans après son interruption ?

Xavier Bertrand. Je vais vous dire comment ça s’est passé, il m’a posé la question suivante : « Si vous étiez président du Conseil Régional, quelle politique culturelle vous feriez ? » alors je lui ai répondu « je ne peux pas vous répondre, puisque je ne suis pas président du Conseil Régional ». Alors il m’a dit « bon, je vais vous poser la question autrement… si je vous donne de l’argent en plus, qu’est-ce que vous en faites ? »… J’étais pas du tout préparé à répondre à cette question ! Alors je lui ai répondu « Et bien, écoutez je trouve que la plus belle chose qu’on ait inventé ici, c’est une manifestation qui s’appelle Feux d’Hiver », et il m’a répondu « Banco, c’est parti ». Donc oui, ce qui a permis le retour de Feux d’Hiver, c’est monsieur Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France. C’est très agréable de travailler avec Xavier.

Vous avez l’air très proches effectivement, il vous a fait confiance tout de suite ?

Vous savez, je ne suis pas du tout de sa famille politique, mais j’ai une relation très saine avec ce monsieur. Ce qui m’a beaucoup plu dans la préparation de cette édition de Feux d’Hiver, c’est ce moment où j’ai demandé à Xavier Bertrand s’il préférait découvrir la manifestation au dernier moment ou que je lui présente l’ensemble, et il m’a répondu « moi ce qui m’intéresse, c’est de voir comment vous travaillez », et il est venu pendant deux heures, dans une réunion d’équipe du Channel, qui s’est déroulé comme s’il n’était pas là. Il nous a regardé travailler, échanger, chercher des idées, nous remettre en question… c’est quelque chose que j’ai beaucoup apprécié.

Jacques Bonaffé, qui fait partie de la programmation de Feux d’Hiver, a parlé du Channel au micro de France Inter en disant que c’était « une qualité de travail incomparable auprès du public » et que lorsqu’on l’a appelé pour participer à l’évènement, il a dit oui de suite. Si vous deviez en parler avec vos mots, que diriez-vous à propos du Channel ?

On essaie de faire notre travail. C’est à dire de s’adresser à une population et de rentrer en conversation avec elle. On veut intéresser les gens à ce qu’on leur propose, en fait ! Depuis 1991, on essaie de mettre en oeuvre un vocabulaire et une grammaire qui nous est propre, le vocabulaire étant les choix artistiques et la grammaire, le contexte qu’on propose. On a inventé des choses qui existent déjà, mais on a trouvé notre propre langage et notre propre façon de s’adresser à cette ville. On a défriché des choses auxquelles on tient aujourd’hui, et Feux d’Hiver, c’est le fruit de tout ça.

Du côté des artistes, comment ont-ils réagi à ce retour ? Vous avez eu tout de suite des retours positifs ?

Oui, vraiment ! Et puis certains artistes qui n’ont pas connu les éditions précédentes, ont été quand même séduit par le concept. C’est intriguant de venir pendant cinq jours dans le même lieu, proposer un spectacle deux à trois fois dans la même journée, c’est intriguant. Quelqu’un comme Scorpène, qui n’est jamais venu sur Feux d’Hiver, nous avait dit qu’il était déjà pris entre Noël et le Nouvel An au moment où on lui a proposé de participer, puis une heure après il nous a rappelé et nous a dit « c’est bon je suis de la partie ! », quelqu’un comme Méandre qui devait rejoindre sa fiancée à la même période, a fini par échanger ses billets d’avion pour être présent au Channel pour Feux d’Hiver. Donc oui, il y a quelque chose, une histoire qui séduit.

Comment avez-vous choisi les artistes qui seront présents à Feux d’Hiver ?

Toujours dans le souci de ne pas décevoir, on a voulu choisir des artistes qui restent eux-mêmes. On veut proposer une programmation qui tienne la route, mais à la fois pouvoir parler à celui qui a une thèse de troisième cycle sur le théâtre et à la fois au type qui n’est jamais venu au théâtre de sa vie. Et je pense que ça pose une réelle question. Pendant le spectacle du clown Leandre, vous avez ceux qui ont quatre-vingt ans et ceux qui en ont six, qui sont tous deux scotchés devant ce personnage, complètement muets, et je trouve ça fabuleux. Pour une partie du public qui sait ce qu’il vient voir, et ceux qui achètent leur place au dernier moment, il faut arriver à garder tout le monde dans la salle, et à satisfaire tout le monde. Pour moi c’est ça le théâtre populaire, un théâtre pas forcément conventionnel, mais qui garde sa dignité.

Pour réserver vos places, rendez-vous sur le site !

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