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Crowdfunding de Toute La Culture : Yaël Hirsch et Amélie Blaustein Niddam parlent travail

Crowdfunding de Toute La Culture : Yaël Hirsch et Amélie Blaustein Niddam parlent travail

05 April 2018 | PAR La Rédaction

A quelques jours de la fin de leur campagne de Crowdfunding qui cessera le 14 avril à 15h49, Yaël Hirsch et Amélie Blaustein Niddam, respectivement fondatrice et rédactrice en chef de Toute La Culture,  se sont prêtées au jeu de l’interview croisée. Mais avant de les lire, rappelons qu’après 6 ans et 40 000 articles écrits, Toute La Culture refait son site et ouvre un club culturel pour vous faire vivre la culture en grand! Nous avons besoin de votre soutien à travers notre campagne de crowdfunding sur kisskissbankbank. Les dons commencent à 1 euro et les contreparties sont belles, culturelles et événementielles. Aidez-nous ! 

Toute La Culture : Quel est le rôle d’un(e) journaliste de nos jours ?

Yaël : Hier comme aujourd’hui, pour moi un journaliste fait face à son temps et essaie de comprendre ce qui est en train de se passer, de changer. Lanceur d’alerte ou critique d’art, il ou elle part de symptômes ou de signaux pour donner du sens à ce qu’il se passe. Je crois que la culture a peut être plus à dire que l’on pense généralement sur les mutations en cours. Souvent à travers les spectacles, les films, les expositions des phénomènes en cours et des problématiques en devenir affleurent en premier lieu. À nous de les voir, de les analyser, de les faire connaître. Se pose aussi la question du bon moment et de la bonne manière d’agir mais  elle se pose pour tous les citoyens…
Amélie :  Informer, rendre compte. En ce sens le métier n’a rien perdu de son essence. Ce qui change, c’est “diffuser”. Aujourd’hui un journaliste est responsable de la lecture de son article, il doit pouvoir le valoriser sur les réseaux sociaux. Le rôle fondateur ne change pas mais le métier est devenu hybride dans un rapport au temps raccourci. Le web veut ça : vite et bien. Cela demande un niveau de rapidité extrêmement acéré.

Quel est l’événement culturel que vous attendez le plus ? Que vous préparez le plus en amont ?

Amélie : On pourrait répondre l’une pour l’autre ! Elle sait et je sais ! Pour moi, c’est le Festival d’Avignon. C’est un marathon. Dès le mois de Mars, je commence à rassembler mes troupes. Il faut au moins être cinq pour couvrir le Festival d’Avignon et son Off pléthorique. J’y serai les 19 jours cette année. Préparer, cela veut dire se plonger dans le programme en Mai quand il est définitif et construire un emploi du temps où dormir est une fiction.

Yaël : Effectivement ! Pour moi, j’ajouterai presque “évidemment”  : Le Festival de Cannes! J’adore le cinéma et j’y fais une provision d’émotion et de chocs esthétiques pour l’année. Le tout dans une ambiance à la fois intense et glamour que j’adore.

Il y a un dossier qui revient tous les ans dans toute la culture, c’est celui du premier décembre, grâce à vous. En quoi est-ce important ?

Amélie :  Lorsque j’ai défendu l’idée que chaque année la rédaction devait parler du Sida via l’angle culturel, ni les auto-tests, ni la Prep n’existaient. C’était un autre monde pourtant nous étions seulement en 2010. C’est un enjeu d’abord personnel. J’étais adolescente puis jeune adulte dans les années 90 à une époque où le Sida était omniprésent. Aujourd’hui, le virus est toujours là, mais la question change.
Alors chaque année, je fais le point sur la prévention et je regarde, et je fais regarder comment le sujet intervient dans nos objets culturels.
Je rêve de ne plus en parler et que vraiment comme mes jeunes rédacteurs le croient parfois, le Sida soit une maladie du passé. Alors on a tout traité :la disparition dramatique des préservatifs de l’espace public, les avancées thérapeutiques, la façon dont les malades étaient vus au cinéma, en art, au Théâtre. Tout ces papiers sont en ligne et je pense que Toutelaculture est le seul média non spécialisé à avoir une telle somme sur le sujet

Yaël : Être libre de son désir, de son corps, de ses attirances et de ses amours, c’est un combat qui semble de moins en moins évident. Ne pas oublier comment défendre cette liberté. Lutter contre tous les révisionnismes sur ce chapitre passe encore par la lutte contre le Sida qui est une maladie encore très présente.

Sait-on tout de suite en s’asseyant dans une salle si un spectacle va être bouleversant?

Yaël : En général on sait à la première seconde. C’est un saisissement. Soit on est agrippé et on va être transporté. Soit ça sonne déjà faux et pâteux. Mais ça c’est en général. J’aime beaucoup être détrompée et commencer un spectacle distante et mitigée. Et puis le voir prendre de l’ampleur jusqu’à ce que parfois il me hante plusieurs semaines après.

Amélie : Cela s’appelle l’expérience et j’ai envie d’ajouter malheureusement !
On le sait à la première seconde. Si c’est pour recevoir un chef d’œuvre, c’est merveilleux, on se sent bien et il n’y a plus qu’à regarder, prendre du plaisir pour pouvoir en rendre compte.
Le soucis se pose dans l’autre sens, on sait immédiatement si l’on est face à un navet, et là le temps paraît long! C’est le métier que veux tu !

Quelle est la clef de voûte qui soude la rédaction de Toute La Culture, quel est le socle d’après vous qui la  dirigez et la chapeautez ?

Amélie C’est idiot peut être, mais c’est la culture. Tous les rédacteurs sont des passionnés de culture, pour eux comme pour moi, et pour toi Yaël ! La culture c’est l’oxygène. Ce n’est pas romantique , c’est vrai. Si je ne vais pas au spectacle, j’étouffe .

Yaël :  De 17 à 77 ans, la rédaction est une formidable réunion d’individus libres et déterminés à regarder la création en face et donner du sens à ce que nous ressentons et vivons. Chaque jour, à chaque article et aussi lors des réunions mensuelles, je me rends compte quelle chance j’ai d’être aussi bien entourée d’esprit curieux, de cœurs généreux et de gens brillants, toujours ouverts aux autres  et jamais prétentieux.

Quels sont les enjeux d’une actualité culturelle ? Être sur le web force t’il à être sur le pont 24h/24?
Amélie : Le web ne dort jamais ! Moi oui tout de même ! Mais une information comme la mort de Léonard Cohen n’attend pas 4 heures pour être traitée. Plus qu’être sur le pont 24 heures sur 24, il faut surtout être ultra réactif et connecté à l’information pour pouvoir la vérifier et l’offrir aux lecteurs dans le meilleur délai. La force du Web c’est l’éternité ! Contrairement aux médias papiers, un article reste en ligne, il est consultable tant que le magazine existe, j’exagère pour l’éternité mais en tout cas c’est longtemps !

Yaël : C’est une réalité. Même en culture, sur le web c’est non stop. C’est grisant, excitant et épuisant aussi. Heureusement ça se arrête parfois un peu de 2:00 à 7:00 du matin et aussi en France le 15 août !

Dans vos rêves, dans 5 ans que devient Toute La Culture ?

Amélie : J’ai des rêves de grand-mère ! Je rêve d’un grand journal , avec tous les postes possibles : un secrétaire de rédaction, des journalistes à plein temps, un community manager, un pôle événementiel, une régie pub…  Dans mes rêves, je suis grande !

Yaël : Un média encore plus riche, plus beau, qui  continue à découvrir des talents et à amener le public vers les lieux où se fait la culture. Un journal solide qui nourrit toutes ses plumes et se repose sur des bases financières solides. Un havre de sens, de vie de joie où chacun se sentira libre de venir – digitalement sur le web ou dans la réalité,  lors de nos événements pour affiner ses goûts, apprendre, être plus vivant,  plus soi-même et plus en phase avec le monde: bref plus cultivé au sens généreux du terme.

Photo : ©Donia Ismail

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