Théâtre
Bodies in the Cellar, Vincent Thomasset réinvente Arsenic et vieilles dentelles

Bodies in the Cellar, Vincent Thomasset réinvente Arsenic et vieilles dentelles

14 March 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le festival Etrange Cargo vient de commencer sur les chapeaux de roues ! La Ménagerie de verre accueille ces jours-ci la nouvelle création de Vincent Thomasset, Body in the Cellar, une relecture théâtrale du film de Franck Capra, Arsenic And Old Lace, (Arsenic et vieilles dentelles). Un spectacle comme un hommage à ce monument de l’Entertainment des forty’s.

Du cinéma sans image, du théâtre sans voix, des vrais bruitages à l’ancienne. Vincent Thomasset joue avec les définitions et les faux semblants. Le titre Bodies in the Cellar fait référence immédiatement au cœur de l’intrigue d’Arsenic And Old Lace. Il s’amuse avec les noms des personnages qui empruntent aux vrais prénoms des comédiens. Ainsi, dans le film sorti en 1944 Mortimer Brewster, incarné par Gary Grant vient annoncer à ses deux tantes Abby et Martha son prochain mariage avec la fille du révérend. La stupeur est totale quand il réalise que ces vieilles tantes ont comme passe-temps de tuer les petits vieux et de les enterrer dans la cave. C’est sans compter sur l’arrivée de l’autre neveu, Jonathan (Grégory Guilbert) qui lui aussi à un mort à cacher. Bref, l’occasion de scènes ubuesques déclencheuses d’éclats de rire.

L’enjeu était donc ici de préserver l’esprit du film sans céder au remake, et à cela, Vincent Thomasset parvient parfaitement. Il y arrive en ajoutant de la distance entre le film et sa pièce. Par exemple dans la version créee à L’Étrange Cargo, la fiancée devient Michèle Michèle (Michèle Gurtner) et le neveu, Lorenzo Menzo (Lorenzo de Angelis). Ensuite, il s’amuse de tous les codes de la comédie. Le doublage est effectué en live par notre adoré Jonathan Capdevielle qui ici survole la pièce dans un numéro de transformiste vocal époustouflant. Derrière son micro il est le marionnettiste qui manipule ses pantins, particulièrement le neveu sans cesse ébahi, Lorenzo, à la gestuelle volontairement excessive, Gary Grantesque
.

En choisissant le décalage de la vue et du son, Vincent Thomasset parvient à ajouter du surréalisme à la farce. Il s’amuse aussi, c’est tout le fil de la pièce pour lui, à faire vivre les mots. Une séance de sound painting, ce langage des gestes crée Walter Thompson en 1974 à Woodstock, fait passer le spectacle du jeu théâtral au concert en un instant.

Cinq interprètes incarnent les quinze personnages de cette histoire dans un geste qui puise dans les jeux d’enfants comme dans le cinéma muet. On rit franchement face à ces comédiens hors pairs dont aucun son (ou presque) ne sort de leurs bouches. Les codes se mêlent dans une seule direction : conserver l’humour, le provoquer par différent biais. Tout fonctionne jusque dans les costumes décalés : mais que fait Michèle Michele en tenue d’équitation quand Jonathan Capdevielle est chicissime, barbe longue et costume tendance chic ?

On redécouvre ici ce monument du cinéma américain, on fait sien son propre récit, aidé par la multitude des langages utilisés. Qu’ils soient visuels, sous forme de babillements, en post-synchro ou en direct, les significations des choses nous parviennent dans une absolue fluidité guidée par la maîtrise de la présence du texte lu par le metteur en scène et joué par Jonathan Capdevielle. En parlant des choses sans en parler, on comprend tout. C’est alambiqué à souhait, l’esprit de Capra est bien là !

Visuel : Vincent Thomasset, Bodies In The Cellar, 2013. Danse, création, pièce pour 5 interprètes © Vincent Thomasset

Le spectacle sera également présenté dans le cadre du Festival Ardanthé au Théâtre de Vanves le 17 avril prochain à 21h.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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