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[Critique] La femme du ferrailleur, l’histoire vraie, bouleversante, d’une famille rom en Bosnie par Danis Tanovic

[Critique] La femme du ferrailleur, l’histoire vraie, bouleversante, d’une famille rom en Bosnie par Danis Tanovic

13 February 2013 | PAR Olivia Leboyer

Ce film bosniaque nous a remués. Danis Tanovic filme un épisode dramatique de la vie d’une famille rom en Bosnie. Il s’agit d’une histoire vraie : les acteurs jouent un épisode de leur propre vie.

Il y a évidemment quelque chose de troublant à voir se dérouler sous nos yeux une histoire terrible, que l’on sait vraie. Les acteurs jouent un épisode de leur passé, qui résonne encore en eux. Nous assistons ainsi à la fausse couche de Senada qui, faute de carte d’assurance maladie et d’argent, se voit refuser une opération absolument nécessaire. Le bébé est mort dans son ventre et il faut en effet l’extraire. Sinon, Senada, qui saigne depuis cinq jours, va mourir. Son mari, Nazif, a beau implorer un peu d’humanité, les ordres sont les ordres et les médecins n’opéreront Senada qu’en échange de 980 Marks. Simple ferrailleur, Nazik ne possède pas cette somme.

Dans ce beau film, le temps est à la fois compté et suspendu. La course contre la montre de Nazif pour sauver Senada est ralentie par mille complications, mille menus événements qu’il doit, patiemment, surmonter. Pas à pas, le couple, flanqué de ses deux adorables fillettes, frappe aux portes pour chercher de l’aide. Mais rien n’est simple et, dans le paysage hivernal, leur odyssée progresse bien lentement. Avec sobriété et délicatesse, Danis Tanovic regarde une famille isolée, très pauvre, se débattre en conservant sa dignité. Le film, très dense, dure seulement 75 minutes, dont chacune est précieuse.

La tendresse est palpable et nous avons naturellement été émus par An episode in the life of an iron picker.

Nazif Mujic et Danis Tanovic à la Berlinale

La femme du ferrailleur (An episode in the life of an iron picker) de Danis Tanovic, Bosnie-Herzégovine/France/Slovénie, 75 minutes, avec Senada Alimanovic, Nazif Mujic, Sandra Mujic, Semsa Mujic. Zootrope films. Sortie le 26 février 2014.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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