Cinema
Gilles Bourdos esquisse avec grâce les portraits des Renoir, père et fils

Gilles Bourdos esquisse avec grâce les portraits des Renoir, père et fils

22 November 2012 | PAR Yaël Hirsch

Sélectionné dans la catégorie “Un certain regard” du dernier festival de Cannes “Renoir” est bien plus qu’un double bio-pic. Portrait plein de grâce du grand peintre en fin de parcours et du non moins grand cinéaste lieutenant blessé sur le Front des Ardennes, le film ajoute aux commandements du père et aux passions du fils toutes les grâces du Saint-Esprit : le dernier modèle du peintre, Andrée Heuschling, la chair même de la vie. Un film tout simplement superbe, porté par des acteurs parfaits,  en salles le 2 janvier 2013.

Eté 1915, immobilisé à son fauteuil roulant, les mains défigurées par l’arthrose, Auguste Renoir (Michel Bouquet, magistral) essaie de continuer à peindre. Sa femme adorée de 20 ans sa cadette attend de mourir , deux de ses trois fils sont au front et malgré sa nature luxuriante du Sud, le domaine des Collettes n’est pas entièrement isolé des échos du carnage en train de ravager l’Europe. Néanmoins, avant de disparaître la maitresse de maison a eu le bon goût de choisir un dernier modèle pour le peintre à bout de souffle. Elle s’appelle Andrée (Christa Theret), veut être actrice et a les cheveux d’une rousseur et la peau d’une blancheur parfaite. Surtout, elle est parfaitement libre et va redonner goût à la vie au vieux peintre, demeuré apôtre de la chair, même au bord de la paralysie et dans les affres de la douleur de l’âge. Le retour d’un des fils du front, le lieutenant Jean Renoir (Vincent Rottiers, à la hauteur de Bouquet), apporte une bouffée d’oxygène et d’espoir dans la maison, mais vient briser le fragile équilibre de la morne propriété…

Dans un enclos de verdure luxuriante et avec une volupté flottante, Gilles Bourdos parvient à concentrer à la fois tout l’art du père et du fils dans une fresque lente et langoureuse où battent sourdement les canons et les os des camarades tués et enterrés au front. A la lumière rousse de la nudité de Christa Theret, on assiste au coucher d’un soleil avec un Michel Bouquet dont seuls les yeux et les mains semblent encore expressifs et au lever d’un astre avec l’indécision anxieuse et brave de la gestation que Vincent Rottiers sait parfaitement poser. Histoire d’allégeance et de loyauté autant que de liberté et de choix, ce “Renoir” au pluriel est mordoré de dialogues respectueux des mots et des tonalités d’une époque et transmue la beauté des chairs en grille d’analyse affûtée, pour les toiles et pour les films. Un chef d’œuvre.

“Renoir”, de Gilles Bourdos, avec Michel Bouquet, Christa Théret, Vincent Rottiers, Thomas Doret, Michèle Gleizer, Romane Bohringer , France , 2012, 1h51. Sortie le 2 janvier 2013.


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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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