Baron Samedi de Alain Buffard : le vaudou pour libérer les identités
Électron libre dont on connaît les atomes crochus pour d’autres grandes figures de la scène chorégraphique contemporaine (Claudia Triozzi, Régine Chopinot, Rachid Ouramdane, entre autres), Alain Buffard poursuit son chemin singulier sans rien céder à la facilité. Au menu de sa dernière création présentée en avril dernier à Nîmes, une relecture subversive des rites vaudous sur une partition musicale puisée dans l’œuvre de Kurt Weill.
Avant tout, rappelons que ce spectacle est le premier du cycle New Settings qui s’est tenu du 9 au 18 novembre. Le programme est financé par la Fondation Hermès qui favorise l’aide à la réalisation d’un projet par le soutien à la production
Pour avoir côtoyé de près le travail de Anna Halprin, et même interprété quelques-unes de ses tasks dans Parades & Changes, le danseur et chorégraphe Alain Buffard accorde une grande attention à la notion de partition, qu’elle soit à jouer dans l’espace avec les corps, ou à dérouler dans le temps en musique. Ainsi, en convoquant la figure vaudoue du Baron Samedi, et grâce à la proposition plastique de Nadia Lauro, qui a imaginé pour lui une sorte de page blanche monumentale, Buffard invite ses interprètes à tenter de définir leur cartographie personnelle.
Tous porteurs d’une histoire chargée d’exils et de migrations, ils s’accordent au bon vouloir du Baron sardonique tout en dévoilant des facettes de leur personnalité, de leur talent. Quant à la musique, Sarah Murcia, habituée des collaborations avec des chorégraphes, a puisé dans l’oeuvre d’un autre exilé notoire, Kurt Weill, pour arranger des morceaux de ses opéras. La pièce est donc aussi chantée, et déclamée, en anglais, en français, en zoulou, en allemand, en portugais… que nous comprenons à l’aide d’un surtitreur en fond de scène, ou des traductions en live par d’autres interprètes.
Sans perdre de vue la question du genre, déjà explorée dans plusieurs pièces remarquées (Good Boy, Mauvais Genre), Buffard poursuit son exploration de l’identité en abordant cette fois la question des rapports de domination sexuelle et politique. Une pièce dont le propos est parfois difficile à suivre, mais qui nous offre des moments d’une grande intensité, avec en exergue une superbe interprétation de Trouble Man, chantée par Hlengiwe Lushaba.
Visuels © Marc Domage
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