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“Paris vu par Hollywood” à l’Hôtel de Ville : Le Paris fantasmé des producteurs US

“Paris vu par Hollywood” à l’Hôtel de Ville : Le Paris fantasmé des producteurs US

18 September 2012 | PAR Charlotte Bonnasse

Aux commandes de cette exposition, le célèbre critique Antoine de Baecque nous offre une jolie vue d’ensemble sur les clichés hollywoodiens de la ville-lumière. On survole en quelques instants les grosses productions qui nous parlent de Paris : lieu sulfureux et romantique cristallisé par le minois d’Audrey Hepburn, ville imprévisible qui désoriente Hugo Cabret, on revisite avec plaisir ces images qui ont fait le tour du monde et la légende du grand Paris. Bonne idée, le Champo passe les films !

“Paris vu par Hollywood”, c’est bien évidemment le cliché du Paris chic et sophistiqué. On reconsidère la ville, cette fois ensoleillée par la Lubitsch touch. Car le héros de l’exposition, c’est lui : Lubistch aura réussi le pari fou de roder le mythe parisien en capitale du luxe et de la transgression, sans y avoir tourné une seule scène. On déguste les scènes romantiques de Parade d’Amour (1929) et d’Ange (1927) : le réalisateur se sert avec jubilation des figures de Maurice Chevalier et de Marlène Dietrich pour déployer son amour de la transgression, légère et inaperçue, comme dans son trop connu Ninotchka (1939). On sourit aussi devant les dialogues surréalistes d’Ariane (1957), où Billy Wilder clame à qui veut l’entendre qu’ “à Paris les gens font l’amour n’importe quand, n’importe où, sur la rive droite, sur la rive gauche”… Et le “french kiss” est en fait un made-in Hollywood complet, savamment orchestré par Lubitsch dans Ange avec la berlinoise Marlène Dietrich, et par George Cukor dans Le Roman de Marguerite Gautier, avec la suédoise Greta Garbo (1936). Enfin, sur la grande fresque de 20m de long suspendue au plafond, on pourra contempler le visage inoxydable d’Audrey Hepburn, qui fait son show sur la Tour Eiffel aux côtés de Cary Grant.

Le Paris contemporain est moins présent mais a quand même droit à la mention : il devient une ville qui désoriente et trouble par son immensité perverse, comme dans Two days in Paris de Julie Deply ou le fameux Hugo Cabret.

Cette expo certes nous ressert des clichés un peu rebattus, mais elle a le mérite de faire des rapprochements inédits, comme celui d’Ernst Lubitsch et Darren Aronovski, ou de W.S. Van Dyke et Sofia Coppola. Finalement, on se rend compte que Paris est à la recherche d’une légende qui ne lui a jamais appartenu.

Le cinéma du Champo projettera à partir du 3 octobre une trentaine de films en lien avec l’expo : Sérénade à trois d’E. Lubitsch, Charade de Stanley Donen, La neuvième porte de Roman Polanski… Le Champo, 51, rue des Ecoles, 75005, Paris.

Visuels (c): dossier de presse de l’exposition, autorisation à usage unique.

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Charlotte Bonnasse

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