(Live Report) David Guetta le 07 avril à Bercy

« L’illustre Dj  français » était en concert à Bercy le 07 avril dernier dans le cadre de sa tournée Nothing But The Beat. Peu enclin à ce genre de musique, nous nous sommes dits qu’il est toujours intéressant de voir ce phénomène de la musique contemporaine  qui en 2011 a été la plus grosse fortune musicale de l’année selon le magazine Challenges.

Si on va à un concert de David Guetta en trainant les pieds, en ayant en tête les très bons sketches des guignols et en se disant que de toute façon c’est de la mauvaise musique commerciale etc… mieux vaut rester chez soi. C’est donc dans une ambiance bonne enfant que l’on se rend au Palais Omnisport. Aucune agressivité envers le « musicien » on se dit que finalement on va (peut-être) bien s’amuser. Avant même de rentrer dans la salle, le ton est donné. La couleur rouge est omniprésente. Quoi de plus normal, c’est celle qui recouvre la pochette de l’album après tout. Mais on s’aperçoit vite que ce rouge s’associe aussi à la marque Coca Cola dont les affiches recouvrent les loges du sol au plafond. Partenaire de la tournée, la marque américaine écoule des bouteilles redessinées à l’effigie du « dj ». Concert, ou opération commerciale pour du soda on se demande si nous nous ne sommes pas trompés de lieu… Les mauvaise langues diront que Guetta n’est qu’un objet commercial de plus qui vend du Coca Cola. Mais ce serait oublier que plusieurs grands noms de la musique se sont prêtés au jeu de la bouteille redessinée pour l’occasion tels que Daft Punk ou Justice.

Les choses sérieuses commencent lorsque 23h passés le « dj » arrive tout souriant sous les cris d’hystérie. Dans le public tous les âges sont représentés et même dans les gradins tout le monde est debout et ovationne « l’artiste » qui pendant 2h30 va s’atteler à enchainer ses tubes. On parlera plus de hold-up musical que de concert. Loin de nous l’idée  de critiquer la qualité des morceaux qu’on laissera faire par chacun, mais ce spectacle honteux que certains appellent live ou concert. En effet le but d’un dj est d’enchainer, mixer, écouter ses morceaux et non sautiller et frapper dans ses mains pendant 80% d’un concert. C’est pourtant ce qu’a fait Guetta le samedi 07 avril. Malgré la présence de  deux platines cd et sa console de mixage, l’intégralité de la prestation était entièrement préenregistrée sur son ordinateur. Le seul bouton que le dj contrôle est celui du volume, qu’il baisse pour que le public puisse reprendre en chœur ses refrains les plus célèbres et qu’il remonte pour remettre l’ambiance. Monsieur Guetta semble avoir une conception bien étrange du métier de dj et des performances scéniques.

A plusieurs reprises il s’adressa à la foule et affirma que c’était la première fois qu’un Dj remplissait Bercy. Il semble avoir oublié que Daft Punk était déjà passé en 2007… Plus que cet oubli, la scénographie pyramidale n’était pas sans rappeler celle de Alive du duo Versaillais.

C’est heureux et souriant que David Guetta quitte la salle. Il fallait faire vite car l’artiste était attendu au Queen sur les Champs-Elysées pour son aftershow. Si le concert était très long il soulève surtout  plusieurs questions comme le respect que peut avoir Guetta pour son public. En jouant d’une certaine manière en play-back n’est-ce pas une manière de se moquer de celui qui a payé de 45 à 89 euros sa place de concert ?

Si la musique électronique, à l’origine pensée en studio est difficilement reproductible en concert, un artiste de talent trouverait le moyen de mixer et d’enchainer ses morceaux correctement. Au regard du succès de la tournée mondiale entreprise par l’artiste, qui en 2011, témoin de réussite,a  engrangé 3,2 millions d’euros.  le public en tout cas semble être dupe à la supercherie.