Musique
Interview : Tender Forever, “Une spontanéité qui me tient à cœur…”

Interview : Tender Forever, “Une spontanéité qui me tient à cœur…”

03 February 2012 | PAR Etienne Perin

A l’occasion du concert de clôture du MO’FO, nous avons pu rencontrer Mélanie Valera, alias Tender Forever. C’était à 19h, dans un joli coin VIP de Mains d’œuvres où la talentueuse musicienne franco-américaine s’est gentiment livrée à l’exercice de l’interview.

Pour lire notre live-report du concert, c’est ici.

Mélanie Valera est Française, bordelaise pour être précis, mais c’est depuis Olympia-Washington et Portland-Oregon qu’elle nous offre ses compositions de bidouille électronique lo-fi pleine d’énergie brute. Hébergée par le label K-records de Calvin Johnson (membre fondateur des Go-Team, entre autres), elle a déjà sorti trois albums, The Soft And The Hardcore (2005), Wider (2007), No Snare (2010), et vient malgré elle de sortir son quatrième ep, attendu pour le mois d’avril.

Bonjour Mélanie, est-ce que tu peux présenter ton univers à nos lecteurs qui ne connaissent peut-être pas ta musique ?
Je suis la même personne sur scène qu’en dehors de la scène.  Je ne me crée pas un univers, c’est moi, c’est Mélanie. Je ne m’assieds pas à un bureau en me demandant “Alors mon univers, qu’est-ce que ça va être, à quoi je vais ressembler, je vais faire rêver les gens avec quoi ?” Je pense que la façon dont les choses sont arrivées pour moi est très spontanée, avec beaucoup d’instinct.

Tu viens de Bordeaux et quand tu es arrivée aux USA c’était à Olympia. C’est là-bas que tu as commencé ?
J’avais commencé à trifouiller sur l’ordinateur à Bordeaux. Je bossais pas mal dans les ordis, je faisais du graphisme. Au bout d’un moment j’ai commencé à regarder d’autres choses en même temps que je bossais. Et tous mes potes étaient dans la musique. C’était quelque chose que j’avais vraiment envie de faire mais passer aux actes était un peu difficile, le manque de temps, et peut-être une appréhension parce que je pensais j’en étais peut-être pas capable. Il n’y avait pas beaucoup de meufs qui faisaient de la musique donc c’était différent…

Tu ne te sentais pas à l’aise pour faire de la musique en France…
À plein de niveaux je pense que ne me sentais pas à l’aise en France. Ce n’était pas que la musique mais juste l’expérience personnelle. Pour moi c’est plus facile de m’épanouir là-bas, il y a plus de résonances… (ndlr : C’est à Olympia qu’est né le mouvement rock féministe lesbien des Riot grrrl)

Vis-tu à Olympia ou à Portland maintenant ?
J’ai déménagé à Portland pendant un bon moment et puis je suis revenue à Olympia pour quelques mois. En ce moment j’habite à deux pâtés de maison de Calvin (ndlr : Johnson), le gars qui a commencé K-records, le patron, enfin, on l’appelle pas le patron ! (rires) Mais je déménage tout le temps un peu, et je passe encore beaucoup de temps à Portland qui est à une heure et demi de route…

Peux-tu nous parler de ce qui t’a amené à faire de la musique, de ce qui motive ta musique ?
La façon dont les choses ont commencé est hyper-personnelle. C’était un désir d’écrire des chansons pour une ou plusieurs personne(s) et je savais pas que ça allait sortir un jour. Je ne savais même pas qu’il y aurait quelqu’un d’autre pour écouter. Donc ça s’est passé un peu comme ça, et je garde un désir très spontané de ne pas pondre des albums juste parce qu’il faut en faire un autre.
Les musiques, c’est souvent très court et c’est beaucoup à l’instinct. Quand je parle avec d’autres artistes et qu’ils me disent “Ouais, moi j’écris un morceau, dans trois mois je vais en studio, ensuite on va le répéter, et ensuite on va l’enregistrer, et ensuite on va le jouer“, pour moi ça ne marche vraiment pas comme ça. Je n’arriverai pas à faire les choses différemment de toutes façons. Les morceaux s’en ressentent, je pense qu’il y a une sorte de spontanéité, de sincérité qui me tient à cœur. Et je pense que pour moi c’est important de fonctionner de cette façon-là parce qu’après, quand je joue sur scène, j’ai envie d’avoir les mêmes relations avec le morceau que j’ai eues quand je l’ai créé, pas une sorte de montagne de travail et d’intellectualisation autour du truc…

Tu veux que ça reste frais…
Frais et spontané, et je pense que c’est aussi pour que ça marche pour moi d’être à K (ndlr : K-records). Tout le monde fonctionne un peu comme ça et tout le monde suit le vent, l’air…

Justement je voulais te parler de tes autres projets : tu en as de nouveaux dans la vidéo ? Et tu mets en musique aussi d’autres choses ?
Oui j’ai fait pas mal de son pour d’autres petits projets. Après c’est peut-être plus pour vivre… Mais aussi c’est intéressant parce que pour ces projets, c’est pas moi qui aborde les gens, ce sont les gens qui m’abordent en me disant “On connaît ta musique, on adore, on t’a vue en concert et nous on est en train de faire ce projet et on aurait vraiment envie de bosser avec toi…” Il y a plein de rencontres qui se passent comme ça. Là en ce moment j’ai fait les bandes-sons pour une grosse campagne de pub pour les Girls Scouts of America, et c’était vraiment hyper drôle. Bon, ils ont une vieille éthique et une vieille façon de fonctionner mais en même temps ils étaient en train de se remettre en cause par rapport aux nouvelles valeurs des femmes. Sinon il y a d’autres projets qui sont peut-être plus multimédia, qui sont toujours liés avec ma musique. Je travaille avec un réalisateur et un programmateur et d’autres gens, j’ai choppé des subventions, il y a d’autres projets qui m’investissent toujours avec la musique, des projets de collaborations qui sont un peu plus larges.
Mais ce sont des choses pour lesquelles je suis aussi allée à l’école d’art ; j’ai appris la vidéo et le bidouillage électronique. Donc c’est bien de recouper avec ce que j’ai appris plus tard. Ce soir tu verras il y a des vidéos, ce sera un peu plus performance artistique mais avec beaucoup d’absurde…

J’avais d’ailleurs beaucoup aimé ton premier clip, The Magic of crashing stars (2006), où on te sentait très à l’aise avec ce support… Tu avais participé au clip ?
Oui ça c’était décidé le jour même en fait. J’étais avec un copain qui bosse en agence de pub, ils ont plein de matos. J’avais sympathisé avec lui depuis un bon moment et puis du jour au lendemain on avait décidé de faire ça donc c’était très spontané, c’était très frais et très décomplexé, il n’y a pas eu de prises de tête. De toutes façons c’était très dans l’esprit de l’album (ndlr : The Soft And The Hardcore) et de la manière dont je me sentais à l’époque.

Certains t’ont peut-être connue pour des reprises que tu as faites. Aujourd’hui est-ce qu’il y aurait d’autres chansons que tu aimerais reprendre ?
Hé bien j’y réfléchissais justement et il y a un projet qui me tient à cœur depuis un petit moment. Bon, la cover de Justin Timberlake c’était quelque chose de très spontané et j’aimais vraiment le morceau. Il y a des morceaux mainstream qui sont supers, quand tu les mets en musique différemment, quand des musiciens se les approprient et que ça fonctionne des fois ça t’ouvre les yeux ou des portes sur des nouveaux horizons.

Et le projet qui me tient à cœur depuis un petit moment c’est que j’aimerais bien faire un album de reprises mais uniquement de chansons d’artistes de K-records : Little Wings, Mirah, The Beat Happening, Halo Benders…
J’aimerais vraiment faire des reprises et j’ai toute une liste. J’y réfléchissais encore dans le train aujourd’hui et je réécoutais les morceaux qui m’intéressaient.  Je pense que ça serait chouette qu’un artiste d’un label fasse un best-of du label, je trouverais ça assez cool (rires).
Et puis comme on collabore tous plus ou moins, c’est un peu une grande famille, je pense que ça pourrait être chouette de collaborer avec les artistes sur leurs propres covers et de faire ce projet-là. Pour que eux revisitent leur propre musique, mais ça ne sera pas du Justin Timberlake ou du Beyonce…

C’est un projet qui n’a rien à voir avec ton 4ème album ?
En fait il y a un ep qui vient de sortir que les gens appellent le 4ème album. Il devait sortir au mois d’avril, quand je reviens, et  il a été envoyé par erreur à un distributeur en France et il a été mis dans les bacs à des prix totalement absurdes. Mais j’en ai amené un peu avec moi, ils ne seront pas à ce prix-là, carrément pas.
Donc il y a ce quatrième ep et si tout se passe bien, à l’automne, un nouvel album, donc un cinquième disque.

[Live report] : Tender Forever au théâtre Mains d’Œuvres pour le Mo’Fo festival
Vide-dressing géant de Violette Sauvage vendredi 3 février à 18 h !
Etienne Perin

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