Cinema
El Gusto, la musique judeo-arabe traverse les deux rives de la méditerranée (en salles le 11/01/12)

El Gusto, la musique judeo-arabe traverse les deux rives de la méditerranée (en salles le 11/01/12)

19 December 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Sur le modèle de Buena Vista Social Club, Safinez Bousbia réunit 42 musiciens que l’histoire des relations franco-algériennes a séparés. Le documentaire El Gusto est une trajectoire sensible dans les relations judéo-arabes avant l’exode des français en 1962.

Première image et premier choc, sous cet angle, Alger ressemble à Marseille et jamais la Méditerranée n’a paru aussi étroite. La musique jaillit dans les cordes des oud et les peaux des Darbouka. La musique sonne arabo-andalouse ou judéo-andalouse, tout dépend d’où on se place. Sans cesse, les aller-retour entre la France et l’Algérie se font, entre les images d’archives, celles de la guerre d’Allemagne ou des manifestations du FLN.

Par hasard, Safinez Bousbia rencontre un miroitier, Ferkaoui, qui fut musicien de cette culture populaire qu’est le châabi, elle n’a plus qu’une envie, refaire vivre ce monde oublié. Comme le dira le fils de Lili Labassi, Robert Castel, “ça va être la journée des tu te rappelles ?” . Le film est une succession de portraits ayant comme fil les retrouvailles.

La nostalgie d’une époque idéalisée est mise en avant, celle d’une absolue entente entre juifs et arabes. Mais comme le rappelle le célèbre pianiste Maurice el-Médioni , le vent tourne après les évènements : “c’était la valise ou le  cercueil “. Alors, un million de français ont quitté l’Algérie et avec eux une partie de l’orchestre dirigé par le maître El Anka. La sincère amitié et l’unité qui soude ce groupe ne s’est pas éraillée en 50 ans, malgré le temps et la distance. Les connaissances du français et de l’arabe sont restées intactes, la maitrise des instruments également.

On regrettera une voix off un peu trop mielleuse qui ajoute de l’émotionnel à l’émotionnel, mais El Gusto reste un film politique sans censure. La jeune femme y montre un monde d’hommes où les femmes sont cantonnées à des affaires domestiques dans la cour de la maison. Les musiciens sont critiques avec leur pays actuel où les murs tombent en ruines. Mais “El gusto”, mon plaisir, est là. L’amour des algériens pour leur pays est le cœur des paroles de ces chansons nées dans les cafés dans les années 50. Ce sont ces mots oubliés que Safinez Bousbia devenue pour l’occasion manager fait tourner dans les plus grandes salles du monde.

On danse, on pleure devant le rêve ici devenu réalité d’un pont unissant les deux rives de la Méditerranée.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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