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Mort de Pierre Dumayet, la télévision perd l’un de ses précurseurs

Mort de Pierre Dumayet, la télévision perd l’un de ses précurseurs

18 November 2011 | PAR Amelie Terranera

Le journaliste, scénariste et producteur français Pierre Dumayet, pionnier de la télévision, est décédé le 17 novembre à l’âge de 88 ans.

Licencié de philosophie, Pierre Dumayet, qui souhaitait à l’origine devenir pharmacien, apprend le journalisme à la radio dès 1946 pour un magazine littéraire qu’il anime avec Pierre Desgraupes. Il collabore par la suite au premier journal télévisé de l’ORTF, le 29 juin 1949, présenté par Pierre Sabbagh, avec Jean-Marie Coldefy, Pierre Tchernia et Georges de Caunes. Pierre Dumayet compose également les dialogues des dix épisodes du feuilleton l’Agence Nostradamus, la toute première série dramatique de la télévision française.

Pour lui, “faire de la télé, c’était de l’artisanat”

Il retrouve ensuite son ami Pierre Desgraupes avec lequel il crée Lectures pour tous, l’émission française à la plus longue durée de vie (1953-1968), qui introduit la littérature à la télévision. Il co-signe en tant que coproducteur et animateur des émissions telles que En votre âme et conscience et Cinq colonnes à la une, une émission d’information pensée selon ses propres dires en réaction à la mainmise de Charles de Gaulle sur la télévision de cette époque. La télévision de Pierre Dumayet était à la fois sérieuse et populaire, familiale et culturelle.

“Lire est le seul moyen de vivre plusieurs fois”

Alors que la télévision qu’il aimait fut mise à mal en 1974 par l’introduction de la publicité commerciale et l’éclatement de l’ORTF, l’homme de lettres et d’information poursuivit son engagement de passeur de culture en interviewant d’importants artistes et intellectuels comme Eugène Ionesco, Claude Levi-Strauss, Jean Cocteau, Robert Badinter, Céline ou encore René Goscinny. L’écrivain participa également à l’écriture des scénarios et des dialogues de L’argent des autres de Christian de Chalonge et Mourir d’aimer d’Andre Cayatte.

L’homme de culture aimait Flaubert et la télévision “très intime, très familiale”. Il déclara au Monde en 2002, “En ce temps-là, on ne cherchait pas à savoir ce que voulait le public, on essayait simplement de faire partager tranquillement au public ce qui nous passionnait”, “cela n’a plus rien à voir avec cette nouvelle télé, modelée par des ‘décideurs’ selon les scores d’audience”. Pierre Dumayet avait perdu la télévision qu’il appréciait, aujourd’hui la télévision est orpheline de celui qui l’avait initialement façonnée.

 

 

 

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Amelie Terranera

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