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Les fraises de la mère d’Anton, de Katharina Hacker

Les fraises de la mère d’Anton, de Katharina Hacker

29 July 2011 | PAR Yaël Hirsch

L’auteure berlinoise Katharina Hacker, qui reçu le Deutscher Buchpreis pour “Démunis” (Christian Bourgois, 2008) propose avec “Les fraises de la mère d’Anton” une fresque familiale poétique et légèrement surannée. Un roman au goût authentique, à paraître chez Christian Bourgois le 8 septembre 2011.

La  quarantaine entamée, Anton vit seul à Berlin, où il s’est focalisé sur sa carrière de médecin. Les week-ends, il rentre chez ses parents au petit village de Calberlah. Tout médecin qu’il est, Anton a du mal à faire face aux pertes de mémoire qui rongent ses parents encore jeunes, au point que sa mère, encore fine cuisinière a oublié de planter les traditionnelles fraises qui lui permet de confectionner des confitures pour toute la famille, à chaque début de l’été. Anton est d’autant plus seul à s’occuper des es parents, que sa sœur a décidé de partir vivre à Boston pour ne pas voir son père et sa mère décliner. Un jour, Anton renverse une cycliste : le jolie Lydia. Celle-ci a un fils qu’Anton adopte imméditamement, mais aussi un passé assez lourd qui la poursuit sous les traits assez communs d’un ami de son ex-amant et père de son enfant : un beau légionnaire sans foi ni loi.

En petites touches naturalistes et espacées, à la Herta Müller, Katharina Hacker dépeint deux générations, entre la campagne et Berlin. Autour du solide Anton et des fraises rituelles de sa mère, l’auteure déploie une galerie de personnages humains et attachants. Au cœur du roman, les descriptions des accès d’oubli des deux parents sont justes et bouleversantes. Mais les fraises de la mère d’Anton n’ont rien de sauvage ou de bergmanien : Si le passé est présent à chaque ligne du roman, la nostalgie passe au deuxième plan, face aux projets d’avenir d’Anton, décidé à fonder une famille, malgré tout. Un beau roman, qui dépeint la vie en noir et blanc et rouge, avec un maximum d’authenticité.

Katharina Hacker, “Les fraises de la mère d’Anton”, trad. marie-Claude Auger, Christain Bourgois,167 p., 15 euros. Sortie le 8 septembre 2011.

Car elle remarquait quand elle avait oublié quelque chose. Il fallait qu’elle se concentre et qu’elle respire calmement. Elle retournait à l’endroit d’où elle venait, ou au contraire ne bougeait pas. Elle essayait d’énumérer ce qui pourrait l’aider à retrouver ce qui lui échappait. Ses pensées ne dérapaient pas, elle ne butait pas, c’était plutôt comme si elle touchait quelque chose qui cédait à son contact et se désagrégeait. C’était un contact désagréable comme quand on touche un endroit blet sur une pomme qu’on avait crue intacte. C’était le moment juste avant que les endroits mous foncent et pourrissent.” p. 63

 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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