Musique
Danger Mouse & Daniele Luppi : tous les chemins mènent à Rome…

Danger Mouse & Daniele Luppi : tous les chemins mènent à Rome…

14 May 2011 | PAR Vincent Brunelin

Fruit d’un travail de longue haleine, cinq ans exactement, le projet hommage à Ennio Morricone du génial producteur Danger Mouse associé au compositeur italien Daniele Luppi voit enfin le jour. Regorgeant d’invités prestigieux, Rome enchante par sa production délicieusement vintage et ses arrangements raffinés, même si l’ensemble manque de relief pour être totalement renversant. Sortie le 16 mai…

Depuis maintenant quelques années, Danger Mouse, aka Brian Burton, fait figure de Roi Midas en matière de production. Tout ce qu’il touche de près ou de loin se transforme en or : Gorillaz, le projet Broken Bells avec le leader de The Shins James Mercer, le blues rock possédé des Black Keys, MF Doom, ou encore la pépite Dark Night of the Soul enregistrée avec feu Mark “Sparklehorse” Linkous et une brochette d’invités de choix (Iggy Pop, Frank Black des Pixies, Julian Casablancas des Strokes…).
Sans oublier évidemment le duo formé avec le chanteur Cee-Lo Green, Gnarls Barkley (qui ne s’est pas époumoné sur leur tube “Crazy” ?). Le bonhomme a, semble-t-il, la faculté de s’entourer des bonnes personnes au bon moment

Rome ne fait pas exception à la règle. Construit, orchestré et peaufiné avec Daniele Luppi, l’album convie au passage des invités de choix, les amis Jack White et Norah Jones, venus interpréter quelques titres issus de l’imagination féconde des deux complices.
Enregistré “à l’ancienne” dans les Forum Studios créés au coeur de la capitale transalpine par Ennio Morricone himself, le projet, hommage direct au plus célèbre compositeur italien de musiques de films, puise son inspiration dans les bandes-son de westerns spaghetti qui ont fait sa gloire dans les années 60 et 70. Pour aller jusqu’au bout de leurs idées, Danger Mouse et Daniel Luppi ont d’ailleurs convaincu les musiciens de l’époque, pour la plupart à la retraite, de participer au disque.



L’album s’ouvre comme une évidence sur “Theme of Rome”, introduction morriconesque magnifiée par la soprano Edda Dell’Orso, présente sur bon nombre de bandes originales du maestro (Le Bon, la Brute et le Truand ou Il était une fois dans l’Ouest pour n’en citer que deux). Dans cet opus conçu comme une BO, ce premier titre en a l’allure et convoque l’esprit spaghetti, laissant imaginer la dramatique d’une scène de duel, gros plans sur les regards et mains sur les gâchettes. Le disque se poursuit sur la poignante ritournelle “The Rose With The Broken Neck”, pour l’un des meilleurs morceaux de l’album. Le titre est porté par la voix déchirée et déchirante de Jack White, soutenue par des chœurs planants et des guitares aquatiques rappelant Air.

Norah Jones s’invite quant à elle sur deux titres pop plus calibrés, “Season’s Trees” et “Problem Queen”, qui évoquent les lignes mélodiques du groupe Morcheeba. La chanteuse américaine apparaît également sur “Black”, dont la guitare ressemble étrangement au “Je suis venu te dire que je m’en vais” de Gainsbourg. L’âme de l’auteur-compositeur français refait surface sur “The Gambling Priest”, le son de basse et les arrangements de cordes semblant tout droit sortis de Melody Nelson. Une influence d’ailleurs perceptible sur plusieurs des interludes musicaux qui jalonnent l’album (“Morning Fog”, “Her Hollow Ways”). Après avoir posé son chant sur le single imparable “Two Against One”, on retrouve l’ex-leader des White Stripes sur “The World” qui met un joli point final à ce western musical.

Si Rome jouit d’une superbe production et d’une orchestration raffinée, on notera tout de même une certaine redondance au fil des morceaux, et des compositions presque trop léchées pour être véritablement transcendantes. Sans pour autant bouder notre plaisir, car même s’il manque la folie des meilleures œuvres de Morricone, l’album s’avère très abouti et particulièrement agréable à l’écoute.

Danger Mouse & Daniele Luppi, Rome (EMI), sortie le 16/05/2011

 

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