La mémoire retrouvée des Ephrussi
Dans un volume paru chez Albin Michel, le céramiste britannique Edmund de Waal retrace l’histoire d’une partie de sa famille : les Ephrussi. Grande famille juive, installée comme les Rothschild ou les Camondo à Monceau à la fin du XIX e siècle, les Ephrussi ont essaimé dans toute l’Europe. Edmund de Waal retrace le destin de cette famille, qui est aussi la sienne, en suivant le fil rouge de la collection de netsukes (statuettes japonaises) de son oncle. Une biographie délicate d’érudit.
Lors d’un séjour de formation au Japon, le céramiste Edmund de Waal fréquente régulièrement son oncle Iggie Ephrussi qui l’initie à sa collection de netsukes, des statuettes japonaises sculptées en ivoire, en bois de châtaigner ou en orme. La disparition de cet oncle, incinéré selon le rite bouddhique engage l’auteur à se lancer dans une grande enquête sur sa famille : les Ephrussi. Un ehistoire qui commence à la Belle époque dans l’opulence d’une présence européenne, et d’une grande implication dans le mécénat et les arts (Charles Ephrussi, lui même critique d’art, a inspiré Proust) et qui se termine dans les temps sombres de la Seconde Guerre mondiale.
Dans un style d’esthète, et sur un ton qui oscille entre les mémoires et l’enquête, Edmund de Waal expose les engagements et les lignes de failles d’une famille extrêmement puissante, et extrêmement importante pour le monde de l’Art. Choisissant méticuleusement ses mots, Edmund de Waal fait de l’histoire comme au 19e siècle et nous rappelle que pendant longtemps, cette belle science des évènements n’avait pas à choisir entre sècheresse universitaire et vraisemblable romanesque. Un livre intelligent, délicieusement susurrante et vraiment attachant.
Edmund de Waal, “La mémoire retrouvée” (“The Hare with Amber eyes”), trad. Marina Boraso, 415 p. 23 euros. Sortie le 20 janvier 2011.