Arts
Photoreporters : les Boulat père et fille au Petit Palais

Photoreporters : les Boulat père et fille au Petit Palais

11 January 2011 | PAR Yaël Hirsch

Jusqu’au 27 février et à l’occasion des 25 ans de Reporters sans frontières, les photos de presse de Pierre et Alexandra Boulat, extraites de l’album, “”100 photos de Pierre & Alexandra Boulat pour la liberté de la presse”, s’exposent au Petit Palais. Un voyage transgénérationnel dans le monde entier, interdit aux moins de 16 ans, car malgré leur beauté, certains clichés font réfléchir à la distance que doit maintenir l’objectif face aux douleurs de la guerre et de la destruction.

Tout commence dans un des halls majestueux du Petit Palais. Sous les dorures, et entre les œuvres des collections permanentes, des photos terribles prises par Pierre et Alexandra Boulat en Algérie ou en Afghanistan, s’affichent. Elles nous mènent doucement vers le coeur de l’exposition : une salle au-sous-sol qui réserve la droite au père et la gauche à la fille, et entremêle les deux objectifs dans deux crucifixions horizontales. Pilier de Paris-Match, Pierre Boulat (1924-1998) a couvert entre autres l’indépendance de l’Algérie. Mais il a aussi asssité aux premiers pas de Yves Saint-Laurent et l’a suivi, s’est penché sur les mariages dans les campagnes françaises, et a réalisé des portraits de stars de l’acabit de Juliette Gréco, Edith Piaf ou Simone de Beauvoir. Après un passage par les Beaux-Arts de Paris, quelques années à peindre (elle a bien fait de s’éloigner de ce média, si l’on en croit les toiles exposées au Petit Palais), la fille de Pierre Boulat, Alexandra décide de suivre le penchant familial pour l’instantané d’actualité. Elle signe des reportages époustouflants en ex-Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan ou en Palestine et devient une des grandes dames du reportage photo, souvent et hautement récompensée. Ses photos rappellent parfois celles de son père, notamment lorsqu’elle immortalise Paris ou des mariages berbères. Mais l’histoire s’accélère et là où le père pouvait encore montrer comme une ombre “deux amoureux du Pavillon Baltard” (1971), le malheur sembles imprégner chacun des visages volé dans l’urgence par Alexandra Boulat. Si bien que malgré la beauté de TOUTES ses photos, certaines sont si impudiques, qu’à les voir, on se demande – sans cliché et sans jeu de mots- si il est bien “moral” d’enregistrer la souffrance de si près. Faut-il montrer de si près le corps maigre d’un enfant afghan de huit ans qu’on enterre pour rapporter la réalité des évènements? Une vraie question qui devient physique lorsqu’on visite cette superbe exposition. Alexandra Boulat est morte en 2007, à l’âge de 45 ans. A voir avant le 27 février 2011.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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