Musique

Live report : Olivia Pedroli au Café de la Danse (18/11/10), une performance éblouissante

19 November 2010 | PAR Mikaël Faujour

C’est avec son splendide troisième album The Den, paru en octobre chez Discograph, que nous avons récemment découvert Olivia Pedroli, coup de cœur immédiat de la rédaction. Nous avons eu le plaisir de la filmer pour deux titres (dont nous avons pour l’instant publié le premier, « The Day ») en configuration duo : guitare/voix et violoncelle. De passage au Café de la Danse à l’occasion d’une soirée « Nos artistes ont des talons » (après Ornette et avant Melissmell), la chanteuse et son mini-orchestre de six musiciens ont livré une performance éblouissante, dont on espère qu’elle préfigure un succès qui ne serait que justice.

C’est avec le lumineux « Bow » que s’ouvre le concert, dans la douceur de ses ronronnements de cuivres, trémulations bourdonnantes de cordes et bruits samplés (avion, pépiements d’oiseaux…). Une chanson mariant arpèges folk, instruments classiques et broderie sonore électronique, évoquant un paisible éveil à la vie et au jour qui se lève. Sur la singulière et adéquate scène du Café de la Danse, baignée de jeux de lumière parfaits et dont le fond est une haute façade de pierre, la chanteuse et son orchestre campent l’ambiance. On est captivé. On le restera jusqu’au bout.

Arrivent, capiteuses, les coulées mélancoliques du violoncelle de « The Day », cette automnale valse de la nostalgie et de l’espérance à la pure beauté. Après l’intimiste « Bow », à l’émotion contenue, la chanteuse y dévoile toute l’étendue de sa voix magnifique, avec une intensité bouleversante.  Sur « A Path », chanson plus recueillie, aux arpèges pleins de tristesse, elle retrouve des accents poignants, proches de Beth Gibbons (Portishead). Quelle voix, bon sang ! Une voix superbe, qui habite toute la salle. Elles sont rares, ces chanteuses capables de faire frémir l’âme – de mettre à nu l’os de l’émotion. Olivia Pedroli, clairement, en est. Mais, compositrice de ses chansons, elle reste aussi, sans jamais déchirer le mince fil dramatique sur lequel marche son chant, très attentive et donne tandis qu’elle chante des indications de chef d’orchestre à ses musiciens.

La suite du récital est à l’avenant, enchaînant les moments plus recueillis (le splendide « Raise Erase », malgré sa levée en puissance de l’orchestre, « I Play », « House ») et d’autres plus amples et puissants, où des cuivres orageux se taillent la part belle (« To Be You », sur lequel Olivia Pedroli danse et bat le rythme sur une caisse claire). Le très vivant et bouillonnant « Stay », dont les cordes ont des accents björkiens, rappelle aussi que la Suissesse a enregistré en Islande auprès de l’ingénieur de Björk, Valgeir Sigurðsson.

Quand s’achève l’épilogue du dernier – long et captivant – morceau, « Silent Emily », durant lequel Olivia Pedroli, comme vidée, s’assoit puis s’éclipse en coulisses tandis que ses musiciens concluent le récital, on applaudit à tout rompre, et l’on se surprend à constater que l’on est tout aussi vidé qu’elle. L’artiste a livré au Café de la Danse un concert d’une extraordinaire force émotionnelle. À la hauteur, en somme, de sa musique, tantôt mélodique ou « ambiante », toujours profonde et vivante. Puisse-t-elle connaître une carrière à la hauteur de son énorme talent : ce ne serait que justice.

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