Musique

Alexis HK à l’Olympia le 6 décembre, au programme : clins d’oeil, voyages dans le temps et invités surprise

21 November 2010 | PAR Yaël Hirsch

Alors que son troisième album, « Les Affranchis », est un grand succès, Alexis HK s’apprête à clôturer une année de tournée à l’Olympia, le 6 décembre. A l’occasion de ce concert exceptionnel, Toutelaculture.com a eu le plaisir de rencontrer à nouveau (voir notre article) le gangster chéri de la chanson française dans le bar chaleureux du 20e où il a commencé à jouer : “Les 3 arts”.

 

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L’Olympia, est-ce un rêve de gosse ?
Oui, l’Olympia c’est un symbole, c’est marrant cette salle, parce que en fait quand ont fait de la chanson, c’est tellement dur aujourd’hui, que faire des concerts, c’est une chance, même n’importe où. Dès qu’on vous ouvre une salle et qu’il y a des gens qui viennent vous vous estimez déjà chanceux. Mais l’Olympia, c’est autre chose, c’est Jacques Brel, c’est Léo Ferré, c’est George Brassens, c’est tous ces grands que mes parents écoutaient. Et pour moi, c’est vrai que Jacques Brel à l’Olympia, c’était quelque chose de vraiment fantastique que je regardais en cassette, en VHS à l’époque. Donc oui, il y a du rêve d’enfant parce que derrière ce nom, il y a les icônes que j’ai adorées quand j’étais vraiment enfant.

Renan (Luce) m’avait invité au moment de l’explosion de son album, qui était incroyable. Il m’avait simplement dit « viens faire la première partie ». J’étais doublement content de le faire : en tant que première partie, j’étais libre, j’avais moins de pression que celui qui était en haut de l’affiche. Et en même temps, j’étais content pour lui, parce que c’est un grand copain. Il a fait une très belle réussite, qui pour moi est une sorte de cas d’école. Son Olympia c’était très émouvant, et y retourner pour soi après, c’est comme une suite. C’est logique et c’est bien.

A l’Olympia aussi, tu vas offrir de nouvelles chansons à ton public, comme c’est ton habitude ?
Non je n’ai pas très envie, parce que cette date elle vient clôturer une tournée au cours de laquelle un set s’est mis en place qui est relativement compact. Il va y avoir de surprises, des invités, mais il va y avoir un noyau dur qui va rester assez fidèle à ce que l’on a toujours fait parce que je n’ai pas envie déjà du moindre stress, je n’ai pas envie de monter un truc qui va faire que sur scène je ne vais pas me sentir bien parce que c’est frais. J’ai envie de donner quelque chose qui roule. Mais avec des surprises, et avec un peu d’inédit, quand même.

Peux-tu nous parler des femmes, artistes et amies, avec qui tu as collaboré dernièrement : Liz Cherhal, Marianne Feder et Agnès Bihl ?

Avec Liz, un jour, nous étions avec des amis qui étaient de très mauvaise humeur. Pas contre nous, mais ils n’étaient pas très en forme. En sortant du déjeuner, je lui dis comme ca « C’était un peu ronchonchon et compagnie ». Ça l’a fait rigoler et on a commencé à écrire une histoire comme ça. Et c’est une chanson qui s’est avérée assez réussie puisqu’elle a vraiment marché et qu’on a même écrit tout un conte musical autour de cette chanson. Alors qu’au départ c’était très anecdotique et très spontanée. Parfois la spontanéité, c’est ce qui met les choses en branle.

Marianne bosse beaucoup en ce moment parce qu’elle est chef de chœur. Elle travaille beaucoup avec sa chorale. Et moi je n’habite plus à Paris, alors on essaie de se voir quand je viens et nous sommes toujours en contact. Elle prépare un nouvel album. Et elle va continuer, elle a une vocation tellement forte. Marianne, avec la musique, c’est du sérieux.

Avec Agnès on rigole souvent sur les histoires de couple, de fidélité, qui sont un peu le noyau dur des intrigues d’aujourd’hui, finalement. Elle a fini par écrire « Habitez-vous chez vos amants » en s’inspirant de nos conversations là-dessus. Ça m’a bien fait marrer. « Habitez-vous chez vos amants », il n’y avait qu’elle pour faire un truc pareil.

Charles Aznavour joue un peu le rôle du « parrain » dans le clip du premier single « Les Affranchis ». Tu as souvent parlé de l’influence de Brel et de Brassens dans tes interviews. Quelle est celle d’Aznavour sur ta musique ? Et au-delà de l’impact artistique de son œuvre, vos origines communes ont-elles joué un rôle dans votre rencontre ?
Il y a effectivement une rencontre d’origines puisque Charles Aznavour et moi sommes tous deux français d’origine arménienne. Et pas entièrement, de moitié : de mère française et de père arménien. Quand on s’est rencontré, c’était l’un de nos sujets de conversation les plus passionnants. On au eu tout de suite des repères en commun. Après, artistiquement, Charles Aznavour, je le connais depuis beaucoup plus longtemps qu’il ne me connaît (rires). Ses chansons, je les connais par cœur et je l’admire énormément, même s’il n’a pas fait partie comme Georges Brassens ou Jacques Brel de ma construction enfantine artistique. Quand j’étais petit, j’écoutais Jacques Brel, je ne sais pas pourquoi. C’était étrange pour les gens, même ma mère, parce que je ne comprenais pas toutes les paroles. Mais ça me parlait quand même. Aznavour, est venu plus tard, et ça a été très fort aussi. Et de le rencontrer a été encore plus fort. C’est vraiment un personnage.

Aznavour a également été un de premiers à faire connaître Agnes Bihl en lui demandant de faire la première partie de ses tournées….
Agnès, Charles Aznavour et moi, on travaille dans la même maison. Cette maison est vraiment une maison d’édition, pas une maison de disques. Ils ont un immense catalogue, comme tout Trenet. Ils ont des joyaux de la chanson. C’est vraiment une maison d’édition traditionnelle et qui aime la chanson à textes. Ils produisent peu d’artistes nouveaux, mais qu’ils choisissent. D’où Agnès Bihl, qui n’est pas la dernière à savoir écrire des textes !

Y-a-t-il vraiment une « guerre des gangs » de la chanson comme le suggère le clip des « Affranchis » ?
Je crois que les chanteurs qui jouent dans le clip comprennent exactement ce que je veux dire. Les affranchis, ce sont des marginaux. Ils essaient de construire leur vie sur la base de la poésie. Ils ne travaillent pas à horaires réguliers dans un bureau. Et en même temps ils jouent aussi sur leur apparence. D’où le parallèle avec les gangsters, qui tient pas sur la question l’honnêteté. Je pense que les chanteurs sont profondément honnêtes, mais ce sont des marginaux. Sauf qu’au lieu d’avoir des flingues ont des guitares. C’est quand même mieux.

Il y a aussi un caractère rétro dans ce clip. Un rétro qu’on retrouve sur la couverture de l’album, et dans certaines chansons comme « Maudits Anglois ». Quelle est la part d’ironie et quelle est la part de vraie nostalgie dans ce côté rétro de ton dernier disque ?
Je n’aime pas trop l’ironie trop marquée ou aveugle. En revanche j’aime bien les clins d’œil. Et j’aime bien la nostalgie d’une manière générale. Je trouve que c’est un sentiment assez doux et assez désespéré en même temps. On parle de choses qui sont finies, qui sont de l’ordre du passé, mais qui existent encore parce qu’elles nous construisent.

Il me semble également qu’on a du mal à donner une couleur à notre époque. Il y a eu beaucoup de révolutions culturelles ces dernières années, avec par exemple le numérique. Et malgré ça, on a toujours besoin de regarder en arrière. Comme si l’on n’arrivait pas à définir notre époque à nous, et surtout à regarder et à imaginer l’avenir. Je trouve qu’on est dans une période un peu apocalyptique. Pas parce que cela va être la fin du monde demain, mais parce qu’on n’arrive pas à voir l’avenir. Donc on regarde dans le passé et on réemprunte des choses du passé. Quand je fais des clins d’œil comme ça, c’est parce que je sais que voyager dans le temps, c’est toujours bon dans une démarche artistique. C’est toujours bon de quitter son quotidien et de regarder devant et derrière et puis s’inspirer comme ça d’images qui viennent d’ailleurs.

Ce mélange des temps se ressent-il dans ta musique ?
Oui il y a de cela aussi. On a vécu tant de chose culturellement et notamment musicalement… Si on n’arrive pas vraiment à donner une couleur à notre époque, c’est parce qu’elle est foisonnante de partout. En musique, par exemple, il y a tellement de courants et d’écoles… Donc on peut mélanger. Et quand on arrive aujourd’hui en musique, on trimballe des bagages qui sont souvent assez chargés. On a écouté plein de choses différentes. C’est ce que je souhaite à la plupart des gens. Il ne faut pas rester cantonné à un courant trop précis, car il y a de nombreuses choses à entendre. Donc voilà, j’aime m’amuser à mélanger des choses que j’aime bien. Je suis vraiment entre la culture de la chanson française pure et dure et puis l’amour du jazz, du hip-hop, l’amour de la musique anglo-saxonne aussi…Au fil du temps mes influences et mes envies sont guidées par plein de choses qui foisonnent. Donc je m’amuse. Je m’amuse, mais j’essaie de faire trop la fête foraine non plus. Faire un morceau reggae, un morceau rock, etc…, le patchwork, ça ne fonctionne pas trop pour un disque. Mais dans mes chansons je glisse des clins d’œil souriants à des styles qui m’ont marqué.

Quelle est ta définition d’une chanson réussie ?
C’est une question difficile. Je pense qu’on peut se placer sur plusieurs registres pour écrire des chansons. On peut avoir envie d’amuser avec une chanson. On peut avoir envie de raconter quelque-chose avec une chanson. On peut avoir envie de faire pleurer avec une chanson. Les ingrédients ne sont pas les mêmes, selon ce qu’on veut faire. Mais on peut aussi essayer de faire les trois ensemble. Quand on fait les trois ensemble, c’est vraiment bien ! Dans une chanson, on doit sentir que l’interprète et sa chanson forment un tout. Qu’ils nous racontent un truc qui parle tout de suite. Par ce que c’est un format court. Tout cela est du registre de l’harmonie entre le texte, la musique qui va derrière, et la façon de chanter ce texte. C’est une question d’ingrédients, comme un bon plat. Soit la sauce prend, soit elle ne prend pas. Il faut mettre les bons dosages et surtout rester en conformité avec ce qu’on est, ce qu’on aime, et ce qu’on veut faire.

Une chanson comme « Chicken manager » semble sortir des trois registres que tu décris pour se risquer sur les sentiers de la satire politique…
Avec « Chicken manager », j’ai voulu faire une fable. J’aimais beaucoup le principe de La Fontaine de planquer sa subversion avec des animaux. Quand on critique quelqu’un, afin de ne pas se faire emmerder, c’est génial de le transformer en renard, en loup ou en agneau. Et de mettre ces animaux en scène. Je voulais faire une fable, et comme le contexte politique actuel se prête à ce type de caricature, j’ai trouvé très adapté de faire une fable où on ne prononce pas vraiment le nom des gens, mais un petit peu. Et j’ai raconté une histoire qui n’est pas une caricature de faits politiques précis, mais plutôt un reflet de ce que moi je vois quand je pense aux gens qui nous gouvernent actuellement.

Une des spécificités de tes textes sont les vieux mots que tu utilises comme par exemple « chafouin » dans « La maison ronchonchon ». Cela crée des images très fortes. Collectionnes-tu les mots rares en attendant l’occasion d’en glisser un dans une de tes chansons ?
Il faut que ça m’amuse en fait. Je réutilise un vieux mot quand ca me fait marrer. Je garde les trucs dans un coin de ma tête et quand un mot m’amuse, il finira toujours par ressortir dans une chanson. J’ai aussi l’impression qu’en mettant des anachronismes dans des textes d’aujourd’hui, on fait voyager dans le temps. Et l’on fait toujours sourire en coin, parce que c’est vrai que ce sont des mots que l’on n’entend plus. On ne les emploie plus, mais on les connaît. Je crois que c’est ca qui fait sourire les gens. Ils se disent : « Ce mot-là, je le connais, mais par contre il ne me serait pas venu à l’idée de l’utiliser ». J’aime beaucoup la langue française. Dans les vieux mots, il y a aussi une précision de désignation des choses qui est particulière. Aujourd’hui en trois mots ou en même en trois lettres, mdr, on peut dire « je suis mort de rire ». Mais dans le vocabulaire d’antan, si on ouvre un peu le dictionnaire, il y a cent manières de dire qu’on est mort de rire.

En vieux français ou en sms contemporain, quel message aimerais-tu faire passer aux internautes à la veille de la fin de la tournée « Les Affranchis » ?
Disons que je suis un peu triste que cela soit la fin de cette tournée, donc j’ai envie de dire aux gens : « Venez partager avec moi le requiem de cette tournée, car si en plus d’être triste que ce soit la fin, je me sens seul, ce sera une tragédie » (rires).

Alexi HK, “Les Affranchis”,Editions Raoul Breton, 9 euros.
Myspace.
Site de l’artiste.
En concert le lundi 6 décembre à l’Olympia, 20h, 28 boulevard des Capucines, Paris 9e, m° Madeleine ou Opéra, 30 à 38, 50 euros. Réservation ici.

Bar Les 3 Arts, 21 rue des rigoles Paris 20e, m° Jourdain.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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