Cinema

Le festival international du film de La Rochelle s’ouvre avec L’arbre de Julie Bertuccelli

03 July 2010 | PAR Margot Boutges

Hier soir, en guise d’ouverture du festival international du film de La Rochelle (voir notre article), on projetait L’arbre de Julie Bertuccelli qui est venu récemment faire la clôture du festival de Cannes et qui sera sur les écrans le 11 août.

Toute l’équipe du festival de La Rochelle a été appelée par le maire Maxime Bono sur la scène du grand théâtre de la Coursive. Ont aussi défilé et se sont présentés les représentants du nouveau cinéma indépendant indien en bermuda, le cinéaste roumain Lucian Pintilie, à la dégaine improbable, qui a filmé toute sa vie contre l’ordre établi et qui était juste surpris qu’on l’ait interrompu alors qu’il  était en train de manger une soupe de poissons, Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière vantant les mérites de la restauration des films… Michel Piccoli, en lilas, s’est levé de son siège de spectateur à l’appel de son nom.  Et finalement la réalisatrice Julie Bertuccelli est venue dire quelques mots de son film. Tous ont insisté sur la joie de participer à un festival qui ne vient décerner aucune récompense, entre avant-premières et rétrospectives, juste pour le plaisir de la découverte…

La grande salle de la  Coursive était comble, strapontins compris. La lumière s’est abaissée pour laisser place à L’arbre.

Australie. Un immense figuier côtoie une maison de bois montée sur pilotis. C’est là que réside la famille de Dawn (Charlotte Gainsbourg). Celle-ci coule des jours heureux entre son mari Peter et ses quatre enfants. Mais Peter décède brutalement d’une crise cardiaque. Il est au volant et vient percuter le grand arbre. C’est le choc, le drame, la maison est amputée d’un de ses membres. Il faut continuer à vivre. Pour Simone, la cadette, l’esprit de son père est venu s’incarner dans l’arbre. Elle partage son secret avec Dawn, qui retrouve des forces au contact du figuier. Un nouveau travail, peut être même un nouvel amour ? Mais l’arbre devient envahissant, ses racines démolissent tout sur son passage, ses habitants s’en prennent à la famille… Il faut le faire abattre.

L’arbre est un film qui parle de la perte de l’être aimé et qui suit le chemin tortueux et endeuillé de ceux qui restent. Il explore les croyances dans lesquelles nos espoirs s’incarnent et qui nous permettent de survivre à nos chagrins. Il aborde les petites mythologies qu’on se fabriquent et qui nous consolent. Et le moment où ces superstitions nous dépassent et nous détruisent plutôt qu’elles ne nous sauvent.

La nature envahissante nourrit l’irrationnel dans l’esprit des humains. Elle incarne la transformation, la survivance de l’homme entre ses chairs immortelles. On ressent sans cesse l’empreinte des Métamorphoses d’Ovide dans le film de Julie Bertuccelli. Celle-ci sait filmer magnifiquement les grands espaces, la nature qui vie, qui s’impose. Les humains l’habitent mais ne peuvent pas la museler. C’est l’ouragan qui triomphe et abat le colosse.

La réussite du film tient en grande partie sur les frêles épaules de Charlotte Gainsboug. Depuis Antichrist de Lars Von Trier, elle s’impose comme l’actrice dramatique française de premier plan, tirant toute sa force de ses traumatismes. Sa faiblesse et son imperceptible combativité emportent tout autour d’elle. Son jeu se nourrit de celui de la petite Morgana Davies, magistrale. Et on aurait envie de suivre longtemps cette cellule familiale qui tantôt se replie, tantôt s’ouvre sur le reste du monde…

Tout le programme du festival (qui se tiendra jusqu’au 11 juillet) ici

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Margot Boutges

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