Musique

Le MAHJ rend hommage à la Radical Jewish Culture

09 April 2010 | PAR Yaël Hirsch

Le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme a organisé la première exposition  mondiale dédiée au mouvement de la “Radical Jewish Culture”. Née à New-York au début des années 1990, et chapeautée par le compositeur John Zorn, cette mouvance culturelle qui puise dans les racines de la tradition et de l’histoire juive est née dans le Lower-East Side de New-York. Pour devenir une référence incontournable des musiques alternatives présentes sur la scène internationale… De nombreux concerts sont également prévus au MAHJ, dont Zorn lui même, Annthony Coleman et David Krakauer. Un évènement qui place Paris à l’avant-garde de la contre-culture…

La radical Jewish Culture est née en lieu et place de la naissance du nazisme, à Munich, en 1992 lors d’un festival qui portait le nom de ce mouvement et où John Zorn avait réuni le guitariste Marc Ribot, le pianiste Anthony Coleman, le violoniste Mark Fledman et où il avait également fait venir Lou Reed. L’oeuvre princeps du mouvement est la violente “Kristallnacht” de Zorn, sous le signe de l’étoile jaune, de collages de sons de verre brisé, d’un hommage à la dodécaphonie de Schönberg, et empreinte de judaïsme à travers des références à la gematria (numérologie juive)…

A travers une scénographie qui, comme d’habitude au MAHJ, est très soignée, les jeunes commissaires de l’exposition Mathias Dreyfus, Gabrielle Siancas et Raphaël Sigal, invitent le visiteur à découvrir le moment fondateur et l’évolution du Radical Jewish Movement. Casque autour du cou, afin de pouvoir se brancher sur divers types de musiques ou d’interviews des principaux acteurs du mouvement, celui-ci est amené à comprendre comment cette troisième génération new-yorkaise a voulu retrouver ses racines juives pour s’en inspirer et créer une culture radicale. Les rapports avec la beat generation, et les autres types d’art (les superbes photos de Michael Macioce) sont explixitées, de même que les sources juives : le kletzmer bien sûr, mais qui est plus un écho que le fondement de la musique des juifs radicaux, le temps des réunions annuelles qui est celui de Pessah (la pâque juive), et la volonté de se détourner de judaïsme assimilé pour approfondir les leçons du hassidisme et du Baal Schem Tov.

Mouvement protéiforme, et semblet-il plus “schibolleth” (mot de passe) entres tribus que véritable groupe artistique, la New Jewish Culture se tient cependant regroupée derrière le label de son chef, John Zorn. Sa maison de disques, Tzadik (“le sage”, “le juste”, en hébreu) est conscarée aux msuiques juives et contient la collection “Radical Jewish Culture”. Si pour certains membres du mouvement, la RJC est un mouvement social ou politique, la conception personnelle de Zorn semble puiser plus profond : selon le compositeur, il y a bien un inconscient juif, une sorte d’Ur-grammaire de tous les signes qui “grifferait” tout art produit par un juif. Reste à en être conscient et à l’exprimer ouvertement pour se montrer radical… Mais Zorn n’est pas prosélyte et laisse toute son ouverture d’esprit au mouvement… On se régalera notamment en écoutant et voyant des extraits de son opus magnus moultes fois ré-enregistré : Masada.

 

Dernière remarque : la RJC n’est pas morte loin de là et si la slale originelle des concerts des années 1990, la Knitting Factory, est un peu “out”, Zorn a toujours son lieu free et jazzy à Manhattan : The Stone.

Pour ceux qui ne sont pas prêts à traverser l’Atlantique pour se familiariser avec la RJC, le MAHJ prévoit une série de concerts exceptionnels, noatmment (mais c’est complet) Krakauer et Coleman le 14 avril, Zorn le 18 mai et le Ben Goldberg Trio le 2 juin. Toutes les infos ici.

“Radical Jewish Culture”, jusqu’au 18 juillet 2010, MAHJ, Hôtel de Saint-Agan, 71, rue du Temple, Paris 3e, m° Rambuteau, Hôtel de Ville, lun-ven, 11h-18h, nocturne le mercredi j.q. 21h, 7 euros (TR: 4,50 euros).

Site très docuementé de l’évènement, ici.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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