Opéra

NYC : Thaïs de Massenet au Met, l’orientalisme grandiose

11 December 2008 | PAR Yaël Hirsch

thais de massenet

Lundi a eu lieu la première de l’Opéra de Massenet avec la soprano Renée Fleming habillée en Lacroix dans le rôle titre. Une production impeccablement sensuelle.

Lundi soir, le bâtiment années 1970 du Metropolitan Opéra de New-York était plein comme un œuf. Très habillés, les mélomanes, étudiants en goguette et stars venues pour se montrer intouchées par le temps qui passe (Sigourney Weaver entres autres) défilaient, en smokings et robes noires. Ils venaient tous acclamer LA star qui tient le haut de toutes les affiches d’opéra pour la 150 e saison du met : la soprano Renée Fleming. Habillée par Christian Lacroix, elle est apparue dans toute sa beauté physique et lyrique au milieu du désert aménagé par le britannique John Cox dans une mise en scène digne des mille et unes nuits.

Thaïs est à l’origine un roman d’Anatole France mis en musique par Jules Massenet. La première a eu lieu à l’Opéra de Paris en 1894. L’opéra se développe en 3 actes structurés en 6 scènes qui fonctionnent comme de très beau tableaux orientalistes de Delacroix. Au IVe siècle, en Egypte, Athanaël, retiré parmi un groupe de moines dans le désert a une vision : il doit sauver l’âme de la belle courtisane Thaïs, prêtresse de Venus et la ramener à Dieu. Mais se mêler au monde est dangereux pour Athanaël qui a été l’un des plus riches hommes d’Alexandrie. Et Vénus est peut-être plus puissante que le Christ…

De Thaïs, on ne retient normalement que l’air du miroir probablement pour ses similarités avec celui que chante Marguerite dans le Faust de Gounod. Mais l’opéra entier est vraiment à écouter : d’abord parce que cela « chante tout le temps » et ensuite, à partir du deuxième acte, il y a trois à quatre magnifiques arias par tableau, dont, devant le monastère où Athanaël dépose Thaïs le duo « Baigne mes mains et mes lèvres ». Et les intermèdes musicaux orientalisants sont de toute beauté. Renée Fleming est parfaite et parfaitement sensuelle en rose et or Lacroix, et même encore un peu plus en robe de pèlerine déchirée. Quant au merveilleux baryton Thomas Hampson, sa diction parfaite du Français et son charisme donnent une force croissante au personnage d’Athanaël. A leurs côtés, le ténor suisse Michael Schade a aussi une belle présence scénique et une voix frappante.

Et comme c’est de l’opéra, même au pays où l’orientalisme fustigé par Edward Said n’a pas la cote, le public se permet d’apprécier les tonalités blanches et or et la voix haute perchée de la femme qui souffre. Et même les ornements baroques de la mission catholique.

Un beau spectacle à ne ratez sous aucun prétexte si vous passez par New-York avant le 11 janvier. Voici en cadeau l’air du miroir par Renée Fleming. Et pour les fans de Massenet, l’opéra de Paris produit Werther avec Villazon en février. Enfin, une version audio fe l’opéra avec Flemming et Hampson existe en CD chez Decca.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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